Blame It on the Girls ✧ Octarine&Maeve

Blame It on the Girls

An 42, juin du calendrier Terre -- Hangar à vaisseaux --  feat. @Octarine Malencontre

Assise tout en haut d’un empilement de caisses solidement arrimées au sol, Maeve surplombait une partie du hangar à vaisseaux qui avait commencé à se vider petit à petit. Hormis quelques bruits de chalumeaux encore en marche et l’éclat métallique d’un outil de temps à autre, les lieux avaient doucement commencé à revêtir le calme habituel d’une fin de journée.

Du haut de son perchoir, elle avait une vue imprenable sur l’obscurité de l’espace infini et sur une partie d’Eonia, autour de laquelle la station graviterait pendant un temps. C’était grâce à l'immense champ de force qui permettait aux modules d’entrer et sortir de la station sans plonger la pièce dans le chaos, que cette vue dantesque était possible. Et d’ici une heure, peut-être moins, une lourde porte viendrait totalement fermer l’accès à l’extérieur pour se rouvrir le lendemain. Ce qui laissait encore un peu de temps pour admirer une vue dont Maeve ne se lassait pas.

Plus bas, sous ses pieds, un petit module d’entraînement avait arrêté de fumer par endroit et avait l’air finalement moins mal en point que prévu. Cela dit, quand on allait dans l’espace avec ces choses-là, il ne fallait jamais lésiner sur la sécurité et la prudence. Un accident dans l’infinité de l’univers n’avait certainement pas les mêmes conséquences qu’un accident de véhicule roulant qu’elle avait pu voir dans les films d’archives de la Terre.

Sa contemplation fut finalement interrompue par du mouvement un peu plus loin dans le hangar.
Elle ne saurait dire si c’était le cliquetis significatifs des outils que transportait Octarine, ou si son oreille affûtée reconnaissait son pas depuis le temps, mais une chose était sûre, elle remarqua assez vite son approche. Assez pour descendre de son promontoir avant que celle-ci ne l’ait rejoint.

- Pile à l’heure. Ça ne te ressemble pas !

Un rictus en coin accompagne sa remarque franche, que Maeve adoucit légèrement avec un sincère :

- Merci d’être venue. Je savais que je pouvais compter sur toi.

Octarine ne serait pas surprise du manque de chaleur de Maeve, qui faisait tout de même quelques efforts avec de rares individus pour ne pas paraître aussi froide qu’à son habitude. Elle venait tout de même lui filer un coup de main et la jeune femme n’oubliait jamais ce genre de gestes.

- C’est celui-ci, enfin j’imagine que tu peux t’en douter. Ça avait l’air pire à l’atterrissage mais je crois qu’on s’en sort bien.

Maeve avait fait quelques pas vers le vaisseau et tapotait la carlingue sans grande conviction.

- Et avant que tu ne poses la question, une des lunes d’Eonia est entourée d’un champ d’astéroïdes.

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An 42, juin du calendrier Terre -- Hangar à vaisseaux --  feat. @Octarine Malencontre

Comme simple réponse, Maeve s’était contentée de rouler des yeux, une mimique qu’elle maîtrisait d’ailleurs à la perfection. La jeune femme se laissait toujours surprendre par les réactions quelque peu exagérées de la Galéréis lorsque celle-ci était surprise, mais ne se lassait pas de provoquer ce genre de sursauts. Elle aurait même laissé échapper un petit rire si son esprit n’était pas complètement accaparé par la situation actuelle.

- Je ne fais rien exploser du tout, et je t’ai dis bonjour dans mon message sur l’axiom… Ou pas, peut-être, effectivement, d’accord. Bonjour Octarine.

Chose rare mais qui arrivait de temps en temps, Maeve rendit à son amie son accolade amicale, non sans se masser l’oreille après le bruit qu’avait provoqué le baiser retentissant en grimaçant.
D’un hochement de tête qui voulait dire “Je savais que tu avais besoin de distraction !”, Maeve s’était alors planté près du vaisseau, bras croisés sur sa poitrine pour laisser l’experte à l'œuvre.

- La méchante Vaga n’a rien fait du tout, au pire, te sortir de ton ennui du jour. Et puis comment ça “encore” ? Tu exagères.

Et maintenant qu’Octarine tournait autour du vaisseau abîmé comme une mère autour de son petit, Maeve commençait à faire les cent pas non loin d’elle. Par moment, elle s’arrêtait de nouveau pour croiser les bras, secouait sa longue chevelure blonde qu’elle avait au préalable libérée d’un chignon serré, puis repartait à nouveau sur une ligne invisible entre les caisses et le vaisseau.

- Pour notre boîte de conserve géante je comprends qu'on ne s’en approche pas. C’est pour ça qu’on a des plus petits vaisseaux, pour aller voir ce qu’il s’y passe. Henillon n’avait qu’une lune. Eonia est fascinante avec tous ses satellites.

Le vaisseau était entre de bonnes mains, aussi, Maeve ne prêtait que peu d’attention aux mouvements d’Octarine autour de celui-ci. Elle n’avait pas pris la peine de lui filmer ou photographier les dégâts avant de l’appeler, car elle était persuadée que la Galéréis aurait tout vérifier de ses propres yeux une seconde fois.
Et quand Octarine pose la question, on sent bien dans la voix de Maeve qu’elle ne se confie que parce qu’elle était en présence d’une amie.

- Entraînement au pilotage. Improvisé. Je dois être capable de gérer ces engins et je n’ai pas le temps de le faire officiellement. Mais en tant qu’Epée, j’estime qu’il faut que je puisse prendre les choses en main s’il y a un problème. Ne serait-ce que pour pouvoir repartir d’une planète s' il y a un problème.

Avec cette seule idée en tête, la blague d’Octarine tombe malheureusement dans l’eau glacée du regard de la Vaga qui agite la main en recommençant à faire les cent pas.
Pourtant elle savait pour le joint de culasse. Preuve qu’elle était focalisée sur tout autre chose.

-  J’ai entièrement confiance en ton avis d’expert Octa’, je t’ai appelé parce que je ne veux pas qu’on remette en question mon idée de formation de pilote aux membres de mon escouade.

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An 42, juin du calendrier Terre -- Hangar à vaisseaux --  feat. @Octarine Malencontre

Maeve était exigeante avec les autres, mais encore plus avec elle-même. C’est ce qui la rendait souvent imperméable à beaucoup de sollicitations extérieures telles que l’humour ou la critique. Mais Octarine détenait un super pouvoir, celui d’arriver, à force de nonchalance naturelle, à lui extirper un sourire ou à la sortir de ses pensées aussi profondes que l’univers qui les entourait.
Aussi, laisse-t-elle échapper un gloussement discret mais incontrôlable à la remarque peu élégante mais toujours de circonstance. Les circonstances d’Octarine.

- Tu vois que j’ai bien fait de t’appeler, ça t’a donné le sourire et l’âme d’un poète.

Un sourire qui, étonnamment, ne dura pas.
Enfin, cela, Maeve aurait pu s’en douter. Bien sûr, Octarine était toujours de meilleure humeur lorsqu’elle avait les mains dans une machine ou la tête plongée dans la résolution d’un problème mécanique. Et au fond, Maeve avait secrètement espéré que cela suffise à faire passer sa petite histoire comme une banalité échangée autour d’un bon vieux moteur endommagé.
Il se trouve que, une fois n’était pas coutume, Maeve avait eu tort, et l’attention d’Octarine n'avait pas été totalement absorbée par la machine à réparer.

Et malgré son erreur, la jeune femme ne pu s’empêcher d’accueillir l’inquiétude de son amie en roulant des yeux.

- Je n’étais pas seule. Ne commences pas à tout exagérer tout d’un coup. Je ne suis pas stupide, ni imprudente.

Alors que son regard froid se darde sur le visage crispé de la Galéréis, Maeve laissa entendre un profond soupir contrarié. Evidemment elle ne s’attendait pas à ce qu’Octarine approuve totalement la démarche. Mais à ce point, c’était contrariant.

- Tu n’as pas besoin de me faire la leçon. Je sais très bien que je me trouve à côté d’un vaisseau endommagé et que ça aurait pu être grave mais enfin, il faut bien sortir de son simulateur de vol pour se faire la main.

D’agacement, la Vaga secoua la tête, faisant onduler ses cheveux blonds qu’elle avait détachés depuis son retour sur le vaisseau. Et c’est au prix d’un incommensurable effort qu’elle arriva à ne pas hausser le ton.
Peut-être parce qu’Octarine avait soulevé un point intéressant au sujet de la formation de pilote.

Quand le silence s’installe entre les deux jeunes femmes, Maeve retient un nouveau soupir. Maintenant, elle était contrariée d’avoir mis Octarine en colère. Parce que ce n’était pas la soirée qu’elle avait prévu de passer avec la Galéréis.
Comme une sorte d’accord tacite pour dire que la dispute était terminée, la jeune femme s’installa à même le sol, non loin de Mercure qui opérait. Et comme c’est elle qui reprit la parole en premier, Maeve se détendit légèrement.
A la remarque qu’Octarine marmonna, Maeve lui lança ce qu’elle avait sous la main. Un chiffon pour être exact. Histoire qu’elle arrête ses bêtises déprimantes même si elles étaient dites sur le ton de l’humour.

- Il faudra que je te montre les images qu’on a enregistré là bas. C’est impressionnant. Il n’y a aucun intérêt à se poser dessus mais sa ceinture d’astéroïdes est vraiment incroyable. Ils sont énormes, on peut même passer à travers les plus gros.

Consciente que ce n’était pas forcément la chose à dire pour étouffer le feu de leur accrochage, la jeune femme se décida tout de même à lâcher un peu d’informations.

- Tu sais que je ne pars jamais sans y être autorisée. J’ai un opérateur qui me suit en opération. Et normalement je suis avec un pilote qui m’apprend les ficelles. C’était un vol test. Bon la conclusion c’est que je suis pas aussi prête que je le pensais.

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