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Sam 23 Nov 2024 - 20:39

Ce n'était pas ainsi que Rory aurait voulu être dérangée.
Un appel pour aller récupérer la "princesse" en toute discrétion, parce qu'elle s'était faite prendre sur le fait en train de consommer.
C'était Percy qui allait avoir encore des cheveux blancs ; mais elle ne le lui dirait pas. Il n'avait pas besoin de s'inquiéter. Qu'il le veuille ou non, Leliana n'était pas sa responsabilité. C'était le choix de la gamine et d'elle seule si elle avait décidé de consommer.

Alors elle enfile fini son verre, enfile sa veste en cuir, et traverse les dédalles du vaisseau pour aller dans l'aile Sud. Oh, Leliana n'aurait sûrement pas besoin d'un avocat parce que son cher père allait s'assurer que l'affaire serait étouffée, nul doute. Mais il fallait un toutou pour la ramener sagement jusqu'à son domicile et manifestement, le Rey avait fait descendre l'ordre pour qu'elle s'en occupe.

Rory connaissait bien cet endroit, le poste de police. Elle y avait elle-même fini une ou deux fois à une époque. C'était vraiment une ironie du sort de se retrouver là pour en tirer la princesse des Torres, parce qu'elle avait une idée ou deux de pourquoi elle avait décidé de consommer. De pourquoi elle avait cherché une échappatoire.

On lui indiqua la salle où Leliana attendait, et elle poussa la porte pour jauger son état.

« Allez princesse. On file. T'inquiètes pas, c'est pas moi qui vais te gronder. »

Elle la laisse passer devant avant de fermer la porte, et dès qu'elles sont dehors, Rory allume une cigarette pour prendre une bouffée, quitte à devoir jouer les baby-sitters.

« Comment tu t'es faite prendre au juste ? J'ai pas eu les détails. »

Et elle plaignait l'idiot qui s'était fait prendre en train de vendre à la fille d'Emilio, parce qu'il n'allait probablement pas sortir de prison de sitôt.

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Station de police / Février - An 41 / Leliana Torres

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Rosemary Windsor

Sam 23 Nov 2024 - 21:21

Il est parti en la laissant seule dans cette salle trop froide, trop claire et trop inconfortable. Pire encore, il est parti avec le sachet qu’elle avait entre les mains, lors de son arrestation, la dose dont elle avait besoin pour fonctionner convenablement. Il est parti en ne laissant derrière lui qu’une loque désemparée, dévorée par un manque qu’elle ne parvient pas à combler, à l’esprit brouillé par un besoin auquel elle ne peut répondre.

Et elle a mal à la tête.
Elle a tellement mal à la tête.

La porte s’ouvre et elle a un regain d’espoir, croyant presque naïvement, dans son esprit plus tout à fait rationnel, qu’il est revenu pour lui rendre ce qu’il lui a pris. Or, l’espoir est vite étouffé d’une voix qu’elle reconnaît sans mal, ne faisant que dessiner sur son visage une expression agacée. Oh. Oh.

Tu fais quoi ici ?

Elle essaie de se lever, se redresser, s’appuyant sur le mur pour y parvenir tout en s’efforçant tant bien que mal de se tenir droite, la tête haute. C’était une chose d’apparaître misérable devant le Théséisses…

Ça en est une autre de perdre la face devant elle.

Sa démarche est difficile, hésitante, semblant presque perdre l’équilibre tous les trois pas. Elle est fatiguée, épuisée, les joues creusées et l’ombre toujours un peu plus visible sous ses prunelles émeraudes qui ont perdu de leur éclat naturel. Celui qu’on y lisait, il y a de ça quelques mois. Un peu plus d’un an maintenant. Avant que l’addiction ne devienne son quotidien et sa prochaine dose la seule raison pour laquelle elle sort encore du lit. Et elle ne répond même pas à sa question tandis que son regard reste accroché à sa cigarette.

T’as pas un truc plus fort ? Qu’elle demande, la voix fragile, tremblante, le besoin évident de celle qui s’y est prise trop tard avant d’aller chercher de quoi se rassasier. Elle tremble un peu, les mains jouant avec les manches de sa veste, tirant dessus nerveusement alors que son regard ne se fixe nulle part, glissant tout autour d’elle sans vraiment saisir ce qui l’entoure.

Sinon j’ai pas besoin de toi.
Elle n’a besoin de personne, de toute façon.

Sam 23 Nov 2024 - 21:36

L'audace du chaton arrache un sourire à Rory.

« A peine sortie des problèmes que tu veux déjà y retourner ? Faut apprendre ta leçon, princesse. J'ai pas l'immunité diplomatique de papa maman comme toi, donc je vais éviter de finir comme ton fournisseur si tu le veux bien. »

Ce qu'elle sort de sa poche et qu'elle lui tend, ce sont des chewing-gums. Certes, elle savait qu'à ses yeux, ça n'était même pas un prix de consolation, mais elle savait ce que ça faisait d'essayer d'arrêter, et que le manque devait se combler par autre chose. Maintenant, Rory attendait de voir si Leliana était prête à faire cet effort ou bien si elle était déjà trop accro pour considérer autre chose.

« J'ai arrêté tous ces trucs. J'ai été dans la même pièce que toi avant, fait ce chemin quelques fois pour rentrer chez moi. J'ai emmerdé Percy comme la petite connasse que j'étais à l'époque. T'as pensé à comment il allait réagir s'il apprenait ce que t'as fait ? »

C'est lâché d'un ton las. Pas qu'elle voulait la condamner pour ce qu'elle avait fait ; comme elle l'avait dit, elle était passée par là auparavant.
Elle s'était calmée quand elle avait décidé de ce qu'elle voulait faire dans sa vie, mais ça ne s'était pas fait du jour au lendemain.

« C'est pas comme ça que tu vas reprendre le contrôle de ta vie princesse, tu le sais ça ? »

Parce que pourquoi une princesse irait-elle se bousiller le crâne avec ce genre de substances si ce n'était pas pour échapper à quelque chose ?
Quel malheur pouvait bien l'habiter pour qu'elle se rebelle contre la vie bien choyé que son sang lui avait offert ?

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Station de police / Février - An 41 / Leliana Torres

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Rosemary Windsor

Sam 23 Nov 2024 - 22:31

Le rire est mauvais. Désagréable. Se coince dans sa gorge comme le ferait un sanglot alors qu’elle lève son regard fatigué vers elle, les yeux injectés de sang. Elle n’a pas l’air bien, la jeune héritière Torres et elle n’a sûrement jamais eu l’air aussi mal. D’ordinaire, elle prend le temps de se maquiller. De s’hydrater les yeux à l’aide de quelques gouttes supposément utiles à cet effet. Elle prend la peine de feindre un sourire, laisse l’hypocrisie prendre le dessus pour cacher la détresse.

Or, elle n’en a pas la force, en ce moment.
Et elle n’a pas eu le temps de se préparer, avant d’atterrir ici.

Ils ne lui ont pas laissé le temps de refaire son rouge à lèvres.

T’as qu’à faire genre tu m’as jamais vu. Elle hausse des épaules. Ils vont déjà m’en mettre plein la gueule que je suis pas certaine ils vont se soucier de toi dans l’histoire. Elle esquisse un sourire désabusé. M’fait pas la morale. Les mots sont mâchés, crachés, si loin de celle autrement polie qu’elle est au quotidien, qui s’exprime d’une voix claire, égale.

Elle est loin, la princesse Torres. Perdue ? Elle-même ne saurait le dire. Il le sait déjà. Elle hausse des épaules, l’air de ne pas vraiment s’en soucier. Il le sait déjà. Pour elle. Pour tout ça. Et il est là pour l’aider, parfois. Quand elle-même n’arrive pas à s’aider.

L’éclat de rire est douloureux, bercé d’une mélodie qui dénonce une bien tragique histoire. Le contrôle de ma vie ? Elle pose la question en reprenant ses mots, comme si elle considérait la phrase qui venait de s’échapper de ses lèvres. Des paroles qui lui apparaissent en ce moment si absurdes. Quel contrôle ? Il y a un fond de désespoir dans sa voix, le regard éteint qu’elle pose sur son interlocutrice, n’ayant même plus la force de pleurer. Tu penses qu’ils me laissent du contrôle ? La question est rhétorique. Elle enchaîne.

J’en ai plus depuis qu’l’autre connasse a décidé de fuir comme… Comme…
Elle hésite. Les pensées ne sont plus très claires.

Une connasse.
Et elles ne volent plus très haut.

Dim 24 Nov 2024 - 13:11

Difficile d'agir comme si elle n'avait rien vu. Elle range son paquet de chewing-gums rejeté dans sa poche, et ne compte pas proposer de cigarette à Leliana, ça n'arrangerait pas son cas. Qu'on ne l'accuse pas d'être une mauvaise influence sur elle. Elle n'était pas sa mère, ça n'était pas à elle de faire son éducation, bien qu'elle ne se permettrait pas d'en parler au Rey lui-même.

« Si ton daron arrive pas à te faire la leçon, c'est pas moi qui vais m'y coller, chaton. »

Elle l'infantilise, alors qu'elle n'est pas tellement plus jeune qu'elle. Mais c'est plus fort que Rory, elle a l'impression de se revoir dans ses plus jeunes années, sauf qu'elle avait été beaucoup plus casse-cou et pas avec un statut aussi important que Leliana. Et à la réflexion, c'était sans doute mieux, parce que si elle avait eu un laisser-passer à chaque fois qu'elle s'était fait prendre, elle n'aurait sans doute jamais arrêté.

« Et c'est pas pour ça que tu te rebelles et que tu te drogues ? Pour te donner l'impression que tu décides encore de quelque chose pour toi-même ? Personne commence la drogue parce que c'est fun. En tout cas, personne avec un peu de neurone, et t'es pas stupide, princesse. Quant à ta chère soeur... »

Rory reprend une bouffée de sa cigarette avant de l'expirer lentement. C'était mauvais pour la santé, et ça lui bouffait le cerveau, mais le temps de diminuer sa consommation, elle pouvait encore en savourer les quelques unes qu'elle s'autorisait dans la journée.

« C'est elle qui t'a filé ton contact ? C'est elle qui t'a dit de te défoncer ? Elle t'a mis un couteau sous la gorge ? Non. Même si je comprends pourquoi t'as fais ça, dans les faits, tu es responsable de tes actes. C'est ton choix, tu n'as pas été forcée. T'es une Torres, tu sais comment la loi fonctionne. »

Le premier pas était toujours d'accepter ses responsabilités.

« Tu veux te bousiller. Pourquoi ? Profites-en pour te lâcher, j'te fais pas payer comme le psy que ton papa te forcera à aller voir. »

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Station de police / Février - An 41 / Leliana Torres

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Rosemary Windsor

Dim 24 Nov 2024 - 15:46

Elle fronce des sourcils, le côté moralisateur de la discussion ne pouvant que l’agacer dans son état. Ça et le sentiment de supériorité qu’elle croit percevoir chez son interlocutrice, les petits surnoms presque moqueurs, laissant sous-entendre qu’elle n’a finalement qu’une enfant un peu perdue, face à elle. Un peu comme l’autre abruti de policier, finalement, avec son regard de pitié qui l’a énervé. Parce qu’elle ne veut pas de leur pitié. Pas plus est-elle perdue.

Et elle n’est définitivement plus une enfant.

P’t’être que j’ai commencé parce que c’était fun. Elle le dit avec une touche d’ironie, elle qui est normalement plus intelligente que ça. Or, l’agacement est devenu venin, entre ses lèvres, et elle semble décidée à vouloir faire preuve de mauvaise foi face à celle qui s’est déplacée jusqu’ici pour venir la récupérer. Parce que personne ne refuse quoi que ce soit à un Torres, c’est bien connu. Les premiers high étaient fun. Qu’elle ajoute, en précisant bien les premiers. Les premiers, elle a bien aimé. Le sentiment de légèreté. Ne plus se soucier de rien. L’impression que le poids sur ses épaules n’était plus, le temps de quelques instants.

Les premiers high étaient bien. Jusqu’à ce que l’addiction vienne pointer le bout de son nez. Jusqu’à ce qu’elle consomme non plus pour ce sentiment de légèreté mais parce qu’elle devait consommer. Avoir sa prochaine dose. Elle m’aurait mis un couteau sous la gorge que ça aurait été la même ! Un peu plus véhémente, tandis que son regard se fait un peu plus sombre. Elle m’a mis une épée au-dessus de la tête et est partie comme si c’était rien ! Elle crache sa hargne à l’égard d’une aînée qui l’a abandonnée, partie sans un seul regard vers l’arrière.

Sans un seul regard vers elle.

J’ai essayé. Ça fait quoi, dix ans ? À peu près, elle ne compte plus. Dix putain d’années à devoir essuyer ses erreurs, à devoir réparer ce qu’elle a brisé. La colère gronde avec l’impatience, dans sa voix. Elle serait restée que j’en serais pas là ! Et de ça, elle en est convaincue, la jeune héritière Torres.

J’ai pas demandé ça. J’ai rien demandé de tout ça. Le titre, les regards, les responsabilités, les attentes, j’ai rien demandé. Et tout lui est tombé sur les épaules. Donc pardonnez-moi si j’ai besoin de me détendre un peu ici et là. Elle roule des yeux tout en sachant pertinemment qu’elle fait plus que se détendre. Qu’il ne s’agissait peut-être que de ça, au début, or, depuis le temps, le problème est devenu tout autre.

C’est pas comme si tu pouvais comprendre, t’es personne.
Du classique Leliana, ça.

Attaquer, pour ne pas montrer ses blessures.

Dim 24 Nov 2024 - 16:01

Voilà, au moins Leliana commençait enfin à parler. Elle préférait encore qu'elle crache son venin plutôt qu'elle joue les chiens battus. Elle n'était pas Théséisses, elle n'avait pas à faire la gentille fille docile devant elle. Pas comme si c'était dans l'intérêt de Rory de cafter quoi que ce soit. Elle n'avait pas vraiment fréquentée Magda, elle restait loin des Torres si elle le pouvait parce qu'elle ne savait jamais quand quelque chose pourrait se retourner contre elle, mais ça avait fait du bruit quand elle avait refuser son rôle.

« Et donc, c'est quoi la prochaine étape ? Tu remplaces ton père et tu continues de te détendre, sauf que cette fois-ci personne te dira rien parce que tu seras la cheffe ? »

Le fait qu'elle n'ait pas réfléchi aux conséquences de ses actes, ou qu'elle ait refusé de les assumer, montrait qu'elle était encore une enfant et qu'il fallait continuer à la traiter comme telle. Qu'elle le veuille ou non, si elle voulait être considérer comme une adulte, il allait falloir qu'elle agisse comme telle. Elle lâche un petit rire jaune, elle avait l'impression de répéter ce que lui disait Bradley, mais préférait encore sauter d'un building plutôt que d'admettre qu'elle avait appliqué son conseil.

« Et donc ? J'suis personne, mais t'as le monopole de la douleur ? Tu vois les autres héritiers des familles se droguer comme toi ? Eh, peut-être qu'ils le font, mais au moins, eux ils se sont pas fait pincer. On vit dans une méritocratie, c'est pas juste, mais c'est comme ça. C'est ta famille qui fait la loi, tu sais. Qu'est-ce qu'il y a de si mal à prendre la place de ton père ? Si tu veux pas le faire, t'as qu'à déléguer. Au fond, c'est juste un joli titre et une place à des réunions barbantes. Est-ce que ça vaut la peine de t'abrutir quelques heures avec de la poudre et des cachetons ? »

Rory savait qu'elle minimisait grandement les réelles responsabilités qui incomberaient à Leliana, mais elle ne pensait pas avoir tort non plus. On ne lui demandait pas de prendre toutes les décisions unilatéralement, puisqu'elle ne ferait jamais rien toute seule.

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Rosemary Windsor

Dim 24 Nov 2024 - 16:24

T’es aussi conne que l’autre policier. Un soupir excédé, pour accompagner ses propos, tandis qu’elle l’observe de ses sourcils froncés, le regard presque accusateur. J’allais arrêter avant de devenir Rey. Là encore, elle semble convaincue de ce qu’elle dit, tout comme ce fut le cas un peu plus tôt, dans la salle d’interrogatoire, alors que, pourtant, tous la regardant en cet instant précis peuvent s’entendre pour dire que ça n’allait pas être si simple.

Qu’elle ne pouvait pas simplement arrêter.
Enfin, pas de son propre chef.

Encore moins juste pour des responsabilités dont elle ne voulait pas.

Elle étouffe un rire, ses pensées allant naturellement vers Morgan lorsqu’elle parle des autres héritiers. Ah, si elle savait. Elle ne dit toutefois rien, n’ayant pas l’intention de trahir son ami, se contentant de ce rire discret, toujours un peu désabusé. Tu m’fais chier. Elle le lui dit assez clairement, une fois sa longue tirade terminée, secouant la tête tout en s’avançant de quelques pas, l’air de réfléchir un peu, ce qui n’est pas chose aisée dans son état. Parce que ses pensées s’emmêlent, peine à faire du sens, et qu’aligner trop de mots peut s’avérer être tâche ardue.

Ce que je disais, tu peux pas comprendre. Elle lève les bras avant de les faire retomber, l’air défaitiste. C’est pas juste un titre. Pour personne. Du moins, pas pour sa famille. Et c’est pas prendre la place le problème. Non, ça elle saurait géré. Elle pense. Elle a le temps, de toute façon, de s’y préparer, son père n’étant pas prêt à rendre l’âme. Le problème c’est le avant. La préparation. Les attentes. La pression familiale. Constamment comparée, jamais en mesure d’égaler, au final jamais assez bien aux yeux de ceux qu’elle cherche à satisfaire.

Ils… Elle cherche ses mots. Je suis… Pas assez bien. C’est juste… Qu’elle a peur.
Peur d’échouer.

Oh puis merde, tu dois pas me ramener chez moi ? Elle s’efforce de tenir.
Peine à garder son masque en place.

Refuse de craquer.

Dim 24 Nov 2024 - 16:38

Au début, le rire est incrédule, puis il devient franc lorsqu'elle voit que Leliana y croit sincèrement, à son bobard.

« Aaaah, eh ben si tu comptais arrêter avant, tout va bien alors !! »

Elle secoue la tête en écrasant sa cigarette contre le cendrier portable qu'elle se trimballait. Elle le vidait tous les jours pour s'obliger à faire face au nombre de cigarette qu'elle fumait par jour, et pour tenter de s'encourager à arrêter. C'était un long parcours, mais elle était bornée. Encore une fois, le parallèle avec Leliana était amusant. Malgré tout, elle s'obstinait à penser que la princesse était intelligente quand elle le voulait, et qu'elle comprenait bien que ça ne pouvait pas être si simple d'arrêter, sinon tout le monde le ferait.

« C'est ce que je fais, je te ramène chez toi, on est en marche. Après, mes instructions incluaient pas de le faire en silence. »

Petite sourire narquois.

« Vas-y, explique-moi si je comprends pas. Ca restera entre nous. Et je me moquerai pas. Peut-être même que je te filerai une cigarette. Deal ? »

Certes, c'était mauvais d'encourager son addiction, mais une cigarette à côté de ce qu'elle consommait pour avoir les yeux rouges comme ça, ça ne représentait pas grand chose.

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Station de police / Février - An 41 / Leliana Torres

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Rosemary Windsor

Dim 24 Nov 2024 - 17:56

Elle la fusille d’un regard sombre à l’entente de son rire, pourtant elle-même convaincue de ce qu’elle avance, sans que personne ne semble la prendre au sérieux. Elle n’avait pas l’intention de continuer une fois qu’elle serait Rey, et ça, elle le sait. Elle se l’est souvent dit. Elle n’aurait qu’à arrêter avant d’en arriver là. Le problème dans toute cette histoire est qu’au rythme où elle va…

Ce n’est pas dit qu’elle survive jusque là.

Je peux te donner d’autres instructions. Comme le faire en silence, par exemple. Après tout, elle est Leliana Torres, sa parole est absolue et ce qu’elle veut elle a. Enfin, ça, c’est ce qu’elle se dit pour se réconforter, pour tenter de se convaincre qu’elle ne se ruine pas la santé, qu’elle n’est pas en train de creuser sa tombe, pour rien. Non, elle le fait pour le pouvoir, pour l’influence que peut avoir son nom, l’importance qu’elle-même peut avoir. Elle le fait parce qu’elle est quelqu’un. Parce qu’elle n’a pas d’autres choix.

Elle soupire, encore. Ses bras se balancent alors que ses pas sont toujours aussi maladroits, aussi peu assurés. Elle est fatiguée, l’héritière. Ils mettent tellement de pression. C’est jamais assez bien. Jamais à la hauteur. Et ça, c’est quand ils me comparent pas à l’autre. Elle retient le connasse. Ils répètent encore et encore et encore que ça ne satisfait pas leurs attentes. Et elle, elle a craqué. Elle a craqué sous la pression. Les objectifs irréalisables.

Pire encore, elle a commencé à les croire.
Qu’elle n’est pas assez bien.

C’est chiant. Et c’est lourd. Et à quoi bon m’battre si c’est jamais assez bien ?
Pourquoi faire des efforts, si peu importe ce qu’elle fait, elle échoue.

Pourquoi s’en soucier ?

Dim 24 Nov 2024 - 20:08

« Et je serai ravie de suivre tes instructions quand tu seras Rey à la place du Rey, princesse. En attendant, c'est à lui que je dois obéir. »

Elle n'utilise pas le conditionnel, car il allait bien falloir que Leliana se résolve un jour à suivre ce que la vaisseau attendait d'elle. Il ne tenait qu'à elle d'en voir les bons côtés plutôt que les chaînes que cela amenait. Elles pourraient converser deux heures sur le sujet, si le coeur lui en disait, mais dans son état, elle n'était pas certaine qu'elle aurait la patience d'écouter ou de débattre. Mieux vallait se contenter de continuer à marcher à travers le vaisseau pour atteindre ses quartiers.

« Okay. Qui ça "ils" ? Ta famille ? Les autres Torres ? Je te l'accorde, c'est pas agréable. »

Rory sort son paquet de cigarette et en extrait une pour la donner à Leliana. Ce n'était pas grand chose, mais elle avait parlé. Peut-être qu'une carotte pourrait servir dans le futur.

« Il y a d'autres manières de se battre. Et de pas se faire chier. La poudre, les cachetons... c'est bien quelques minutes, quelques heures. Mais le retour à la réalité, ça fait que te rendre plus aigrie. Ca fait que donner raison à ces types. Ca fait qu'empirer la lâcheté. T'es grande, tu le sais, je t'apprends rien. Et je sais que t'es à un âge et à une période où tu veux tester les limites. Voir jusqu'à quel point ton daron t'estime. Voir jusqu'à quel point ton corps va tenir avant de lâcher. »

Elle allume une autre cigarette avec son briquet, se maudissant mentalement que ça faisait déjà la quatrième de la journée. Tant pis, demain serait un autre jour, elle arriverait à n'en fumer qu'une seule. Probablement.

« Tu fais affaires à des gens fermés d'esprit qui ont leur nez fourrés dans les bouquins. T'es pas comme eux. T'es jeune. T'es vive. Tu fréquentes du beau monde, les gens que toi tu vas diriger plus tard. Tu vois le tournant des mentalités, tu vois qu'il y a du changement dans l'air. Ton père se raccroche à ce qu'on lui a dit de suivre quand il s'est réveillé, paumé, avec la première génération. Il ne s'est pas adapté. Il en a plus la force. Ni les vieux qui l'entourent. »

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Station de police / Février - An 41 / Leliana Torres

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Rosemary Windsor

Elle tend la main pour attraper la cigarette, qu’elle allume difficilement, les mains tremblantes. Il y a ce quelque chose chez elle qui trahit une détresse plus large encore qu’un simple manque, plus large encore qu’une dépendance qu’elle n’a pas demandé, croyant presque naïvement qu’elle pourrait consommer comme elle le faisait sans en subir les conséquences.

Il y a ces mots, ces voix, qui tournent en boucle dans son esprit.
Tous ces doutes qui prennent naissance dans la déception de ses parents.

Risible, qu’elle se dit, lorsqu’elle y pense. Elle l’a dit au policier, qu’il est ridicule qu’elle s’inquiète de la sorte alors qu’ils ne sont, au final, que perdus au milieu d’un néant infini, à flotter sur une carcasse de métal. Alors pourquoi se prendre la tête avec quelque chose d’aussi ridicule ? Elle-même se le demande. C’était même pas pour me battre. Qu’elle dit finalement, portant la cigarette à ses lèvres avant de grimace au goût exécrable de cette dernière.

C’est pas une rébellion contre mes parents ou que sais-je. Le Ils dont elle parlait. Elle ferme les yeux, quelques secondes, le mal de tête toujours aussi présent, plus encore tandis que ses pensées se bousculent dans son esprit. J’voulais pas tester des limites. Il s’agit simplement d’une erreur de calculs. De la naïveté de la jeunesse.

Je devais même pas consommer autant.
Elle s’est simplement perdue en chemin.

On peut pas sortir de ce vaisseau d’merde, on a nulle part où aller, donc j’ai… Elle hésite. Cherche ses mots. Voulu sortir à ma manière.

Fuir.
Ne serait-ce que le temps d’un high.

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