We're just getting started, Darling (Reagan/Vasily)

Son regard quitte l'Axiom à peine la réponse de son frère reçue. Se concentrant à nouveau sur les derniers rapports d'Eonia. Le commerce avec Henillon était fructueux et leur avait permis de s'enrichir. Vite. Très vite. Mais comme à son habitude. Elle désirait toujours plus. Aussi insatiable qu'un Tartare sans fond. Elle n'avait nullement envie de dépendre éternellement de cette corporation pour assouvir ses désirs d'expansions et sa rentré d'argent. D'autant que les derniers rapports Azaraï avaient attiré son attention. Une mise en garde plus précisément. Quelque chose n'avait pas manqué de faire germer une idée dans ses esprits à peine lecture faite. Une substance venant des roches montagneuses de la planète, une fois érodé et effrité.  S'était révélé capable de plonger les individus dans une transe méditative aux effets hallucinogènes. Une sorte de drogue en somme. C'était là le point qu'elle avait retenue surtout.

Fait défiler les pages virtuelle sous ses yeux d'un léger geste du doigt. Reprenant une dernière fois le plan qu'elle avait en tête. Trouver un moyen d'en ramener en quantité et surtout de la mettre sur le marché du vaisseau. D'abord, elle le testerait à domicile. Ici, là où elle pourra évaluer d'elle-même les résultats de ce plan et de ce nouveau marché. Ensuite, viendra le temps où elle pourra enfin le commercialiser auprès de la corporation présente sur Henillon. Au compte goutte évidemment. Elle compte bien garder le monopole sur cette drogue si les résultats se révèlent concluent. Dans le cas contraire, elle n'aura même pas perdu d'argent. C'est bien pour ça qu'elle s'est empressé de contacter Obsidian en plus de son frère. Certes, la vie de quelques Junkies pourra être mise en danger. Mais c'était un sacrifice qu'elle était plus que prête à prendre. Elle n'avait déjà pas de temps à consacrer à son entourage, elle n'en avait pas pour s'inquiéter sur des inconnus.

Porte à ses lèvres la tasse de thé encore brulante qu'elle descend gorgée par gorgée. Son petit plaisir. L'une des rares choses encore susceptible de la réchauffer un tant soit peu. Avant de se laisser glisser dans son fauteuil. Observant du coin de l'œil la rangée d'écran posé tout au fond de son bureau, diverses caméras du casino. Dans l'attente de les voir arriver.

L'Axiom sonne, une voix caverneuse et grave résonne dans la pièce "Madame, ils sont....", mais elle s'empresse de répondre, d'une voix tout aussi sèche et pressé, le regard rivé sur ses écrans. Elle les avait vu, bien plus tôt que lui. Elle savait. Elle les avait fait appeler. Reagan ne l'aurait jamais fait attendre, pas plus qu'Obsidian. Alors oui. Ils sont là. Tout comme elle serait là si Reagan lui avait demandé de venir. Cet idiot peut parfois être insupportable et inconscient, il n'en reste pas moins le seul idiot en qui elle a confiance dans toute cette station. Il était aussi le seul capable de penser comme elle et de la comprendre. Deux choses qui se faisaient de plus en plus rares en cette époque.

Oui. Je sais.

Quant à Vasily. Il s'était révélé diablement efficace au cours des dernières années. Prenant son rôle très à cœur. Quoi qu'il fasse, il finissait toujours pas ramener les créanciers sur le droit chemin. De façon plutôt rapide qui plus est. Pour être honnête, elle se moquait bien de la façon dont il obtenait des résultats aussi bon. Tout ce qui comptait, c'était que sa maison, sa famille, elle. Récupère ce qui leur été due.  Rendre à Reyna Kramer ce qui était à Reyna Kramer. Une maxime qu'aucun n'avait le luxe d'oublier dans le vaisseau.

Elle a beau être pressé, et surtout presque enthousiaste, elle leur laissera tout de même le temps de s'asseoir.

J'ai trouvé un nouveau marché. Qui pourrait nous rapporter gros. A toute la maison Kramer. J'aimerai votre avis sur la question.

Plus que leur avis, elle avait surtout besoin d'aide pour tout mettre en place. Elle était bien trop fière pour l'admettre. Mais elle ne pourra pas tout gérer, pas plus qu'elle ne pourra tout contrôler. Elle qui était le visage, le diamand des Kramer, n'avait pas le droit de venir souiller le brillant en elle, l'éclat qu'elle reflète. Au risque de tous les condamner. D'une pression sur son Axiom, elle insonorise immédiatement la pièce tout entière.

Vous savez que je n'aime pas perdre mon temps en considération et débat inutile. Je vais donc être directe.

Marque une pause pour voir s'ils ont bien suivis son cheminement de pensée jusque là.

J'aimerai un monopole sur le marché de la drogue. Avant qu'il ne nous passe sous la main à travers des sous réseaux ou que sais-je. Et j'ai peut-être une solution...

Pose son coude sur son bureau, dans l'attente de réponses ou d'interrogations. Avant d'y appuyer sa tête, l'air interrogateur. Un sourire léger sur le visage, plus par curiosité que réelle excitation. Avant de prendre conscience qu'elle manquait à tous ses devoirs d'hôte. Pointe du bout de son doigt une commode située non loin de là.

Si vous voulez des rafraichissements, servez-vous. J'ai de quoi satisfaire tous les palais. Café, thé, même alcool Reagan. Mais ça, tu le sais déjà.

Elle adresse un bref et léger sourire complice à Reagan lorsqu’il rentre dans la pièce. Elle savait déjà qu’il allait être sur la même longueur d’onde. Qu’il avait déjà compris. Ce n’était pas beaucoup ce sourire, mais c’était suffisant pour se comprendre. Votre façon à vous d’être proches. Des petits gestes de rien du temps. Imperceptible pour les autres. Incompréhensible pour les profanes. Mais pas pour vous. Pas pour lui. Pas pour toi. Ce n’était rien mais c’était tout à la fois.
Elle adresse également un signe de tête entendu tout en bougeant sur son siège, en direction de Vasily. Il ne verrait pas le signe de tête. Peut-être pas. Mais il l’entendra bouger sur sa chaise. Même si c’est un léger bruissement de sa veste. Un autre n’aurait pas compris. Mais lui. Le Kramer en lui. Elle savait qu’il saisirait ce geste. Qu’il comprendrait qu’elle lui souhaitait la bienvenue dans son bureau. C’était là l’art Kramer, communiquer entre eux sans parler, sans même avoir à y penser. Un automatisme qu’ils avaient gagné dans leur quête de perfection. Dans cet appétit sans fin qu’ils avaient tous développé. Un rien était suffisant pour comprendre.

Justement, le moment est venu de saisir cette opportunité. Et je ne compte pas la laisser passer. Pour rien au monde.

Elle saisit la tasse de thé, trônant toujours sur son bureau, toujours presque pleine. Parfaitement chaude. Comme elle l’aimait. Son petit rituel. Où qu’elle soit. Avant de la porter à ses lèvres, juste une petite gorgée. De quoi les accompagner dans leur buverie. Avant d’adresser un nouveau sourire entendu en direction de son jumeau.

Tu es fait pour ça. Et personne d’autre ne pourra le faire aussi bien que toi.

Elle se tourne ensuite en direction de Vasily :

Exact. Nous devons maîtriser ce marché avant les autres. Et nous le ferons.

Balaye d’un revers de la main les pensées sur la légalité d’Obsidian. Elle avait déjà longuement réfléchi sur ces aspects. Bien avant de faire appel à eux. Comme à son habitude, elle avait pris les devants, ce n’était pas simplement un plan qu’elle avait aujourd’hui à leur exposer. Mais une proposition.

Pour ce qui est de l’aspect légal. Il ne passera jamais auprès du Sénat. De plus, se serait s’exposer inutilement à de nombreuses suspicions d’aborder le sujet. Les Torres ne voudront jamais valider une telle loi. Mais nous n’avons pas besoin de leur autorisation pour nous immiscer dans ce marché. Que les grattes papiers le veulent ou non. Le marché de la drogue se développera avec ou sans eux. Autant que ce soit nous. Vous ne trouvez pas ?

Pianote sur son Axiom, projetant des images juste au-dessus de son bureau, que Reagan puisse les voir autant qu’elle.

Les Théséisses contrôlent nos vaisseaux entrant et sortant chargés de marchandises. Mais. Nous pourrons faire appel à des Vaga corruptibles. N’oubliez pas que tout s’achète. Surtout ce genre de choses. Ils pourront s’occuper du transport pour ramener la marchandise sur le vaisseau et l’exporter plus tard. Je suis sûr que tu en trouveras de bons Reagan. Tu as l’œil pour les gens. L’autre aspect sur la sécurité reposera sur les patrouilles à l’intérieur du vaisseau. Les étages inférieurs et les ailes est et sud sont très surveillés. Fort heureusement pour nous, en dehors de leur poste de garde aux hangars, l’aile nord n’est pas très prisée par les soldats. Pareil pour l’aile Ouest. Jackpot pour nous. Nous serons proches des labos Azaraï. Je te laisserai gérer la production avec eux Reagan. Je viens de t'envoyer tous les documents et les infos que j'ai sur les Théséisses

Reyna en profite pour se redresser sur son siège après un long discours. Réaffirmant sa position mais surtout sa détermination.

Vasily. J’aimerai que tu travailles de concert avec Reagan. Aide-le autant que tu peux. Mais surtout je veux que tu gardes un œil sur les clients. Je sais qu’on tombera sur des pigeons accros aisés qui seront du pain béni. Mais nous savons également que nous aurons affaire à des paumards, du style Cervantes et Kymal qui voudront leur dose sans avoir les moyens. Pas question de distribuer la marchandise gratuitement. Nous n’avons jamais fait dans le social et le bénévolat. Je ne compte pas m’y mettre aujourd’hui.

S’arrête un moment. Pour reprendre son souffle mais également pour boire une nouvelle gorgée. De quoi continuer à parler encore des heures. Comme à son habitude.

J’ai beaucoup parlé, si vous avez des questions n’hésitez pas.

Elle tapote frénétiquement le bureau avec ses doigts. Non pas par impatience. Bien au contraire même. Mais une certaine euphorie. Non. Disons plutôt excitation. Elle n’était en mesure de ressentir les émotions aussi pleinement qu’un autre. S’était emparé de son corps tout entier. Son esprit était stimulé, bien plus que d’habitude, dans cette mission, cet objectif qu’elle venait de s’imposer. Surtout avec la motivation de son frère. Sans parler de celle d’Obsidian, qui lui aussi avait de la suite dans les idées pour mener ce plan à bien.

Déjà, Reagan avait presque tout prévu de son côté. Une évidence, elle le connaissait assez pour savoir qu’il suffisait d’un mot de sa part, pour que sa moitié propose le reste de son plan. Comme toujours, il ne l’avait pas déçu. Comme toujours, il était précisément là où elle le voyait. A ses côtés, imaginant ensemble le plus parfait des plans. A leur image. A l’image des Kramer.

Monte dans un vaisseau si ça te chante Reagan. Mais fais attention à toi. Hors de question que tu disparaisses comme ces inconscients de Vaga ou Théséisses.

Sa façon à elle de lui dire qu’il avait intérêt à revenir. Qu’elle s’inquiétât ne serait-ce que de l’imaginer. Alors qu’elle était bien incapable de lui dire aussi simplement. Si ce n’est à travers ses moyens détournés, à la limite de la menace ou du sarcasme. Il était irremplaçable. Qu’il le veuille ou non. Ils étaient venus au monde ensemble. Ils en repartiraient ensemble.

Je te laisse gérer le business Reagan. T’as carte blanche de toute façon. Comme d’habitude. Tu connais la chanson et puis tu l’as dit toi-même. Tu ferais un très bon baron de la drogue.

Elle vient de le dire à voix haute, comme par automatisme. Comme d’habitude. Evidemment, il était le seul en qui elle avait confiance sur ce vaisseau. Lui et les grands noms Kramer. Vasily ne dérogeait pas à cette règle. C’est pour ça qu’elle se permet d’être aussi franche et transparente en sa présence. Elle savait bien que chacune des pierres Kramer partageaient leur vision de la chose. S’enrichir à n’importe quel prix. Le pouvoir par l’argent.

Pose un doigt sur ses lèvres, faisant mine de réflechir à la dernière question de son frère. Alors qu’il n’y avait rien à penser. Elle avait déjà tout prévue. Elle s’attendait à une telle question, tout comme elle s’attendait à ce genre de réaction extérieure. Si elle prenait la pose, c’était simplement par plaisir. En ce moment complice qu’elle partageait avec lui. Alors que Vasily ne pouvait la voir. Un air d’espièglerie traversa son regard qui croisa celui de Reagan. Comme si elle, elle aurait accepté la défaite. Qu’on lui vole son idée, leur idée, juste sous son nez. Risible et inimaginable. Mais ça, tu le sais déjà Reagan. Pas vrai ?

Personne d’autre n’est au courant. Les derniers rapports sur Eonia viennent de tomber. C’est de l’avant-première divulgué seulement aux grands pontes de chaque maison. On ne laissera pas à Henillon le temps de réagir. Le jour où notre marchandise sera sur le marché. Il sera trop tard. Quand ils pourront enfin goûter à notre produit.

Ricane doucement.

Et bien… Disons simplement qu’on les tiendra par les couilles.

Elle reprendra bien vite son sérieux suite au discours de Vasily. Réaffirmant sa position dans son siège. Se remettant droite, comme tout à l’heure. Comme si rien ne s’était produit juste à l’instant. Adoptant son allure froide et méthodique habituelle.

Très bonne idée Obsidian. Bonne initiative surtout. Drogue et médicament vont souvent de pair, l’un constitue un marché légal, l’autre… Moins. Mais ils ne sauraient exister l’un sans l’autre. Je valide l’idée de la porte de sortie, de même que le développement d’un potentiel produit médicamenteux grâce à notre drogue. Tu pourras te charger de ça avec Reagan.

Tu laisses ton esprit vagabonder quelques instants, réfléchissant aux divers scénarios qui s’offraient à toi. Il est vrai que tu avais laissé ton excitation prendre le dessus. Mais tu ne pouvais te résoudre à agir précipitamment. Perfection et précipitation ne font jamais bons ménages. Il était hors de question que tu gâches une telle opportunité en te laissant aveugler par tes simples envies. D’autant plus que ces dernières sont vastes, bien trop souvent insondable. Tu avais appris au fil du temps à les ignorer. Bien que tu sois incapable de les faire taire pour de bon.

Agissons prudemment. Pour le moment, mettons simplement en place un réseau de drogue. Doucement mais sûrement. Rendons notre produit essentiel et surtout addictif. Que les gens qui y goûtent ne puissent plus s’en passer. C’est là notre objectif premier. Ensuite Vasily pourra voir pour le médicament. Une fois que nous serons bien implantés dans le vaisseau. Et qui sait, que l’échange avec la compagnie commercial a débuté. Et ce sera seulement une fois que nos deux business seront parfaitement opérationnels et fructueux, que nous verrons pour cette histoire de remède.

Hoche la tête comme pour affirmer ses propos. Bien que Vasily soit incapable de le voir. De toute façon, elle le faisait surtout pour elle-même.

Ta dernière idée est bonne. Mais gardons là pour la suite.

La plaisanterie de Reagan lui arrache un soupir suivi d’un roulement d’yeux. Au fond, elle avait presque trouvé ça drôle. Mais sa fierté lui refusait ce genre de démonstration. Et puis, quoi qu’elle fasse, ce n’était pas dans ses gênes. Un point que leurs vieux parents ont bien pris soin de briser pendant leur enfance. Sur ce point-là, il n’avait pas failli à leur tâche. Alors que sur bien d’autres. Le sujet reste entier. Le débat est ouvert. Les questions se posent.

Reagan soulève ensuite un point important. De quoi lui faire regagner d’autant plus son sérieux. Son regard se perd dans ses pensées, alors que son front se plisse davantage. C’était une inquiétude qu’elle partageait avec lui, sans surprise. Sur ce point là ils avaient également la même façon de penser. Plus que le conglomérat commercial d’Hellion. Elle se méfiait des autres maisons. Elle redoutait, non pas leur refus et leur fermeté d’esprit. Bien au contraire. C’était même tout l’inverse. Elle redoutait ceux, qui comme eux, comprendraient l’importance de contrôler cette substance. S’ils en voyaient un moyen de contrôler le marché en tant que Kramer. Elle ne savait que trop bien que les Azaraï y verraient un moyen de se placer en sauveur. Alors que les Kymal y verraient une façon de plus de manipuler les masses. A leur façon, certaines maisons partageaient les enjeux qu’ils étaient sur le point de lancer avec ce plan.

C’était un jeu bien trop tentant pour que les autres ne viennent pas se joindre à la table. Jamais ils ne laisseraient passer une telle occasion. Que ce soit par intérêt ou simplement par ennui. A défaut de s’occuper différemment dans leurs journées monotones. Une façon de casser la routine. Ils étaient nombreux ceux capables de penser ainsi. Bien trop nombreux selon elle. Mais qu’importe leurs motifs et raisons, elle s’en moquait éperdument au fond. Ne comptait qu’une seule chose. La victoire. Pour ça, tous les moyens sont bons.

Plus que toutes ces inquiétudes, je me doute que certains chefs de maison y verront une opportunité. Tout comme nous. Peut-être pas pour les mêmes raisons. Mais ils souhaiteront en tirer profit également, pour leur maison ou à titre personnel. Que sais-je. Et c’est pourquoi nous devons redoubler de précautions comme tu le dis Reagan. Je me moque bien de savoir à qui profite cette drogue, ce qui compte. C’est que chaque idiot souhaitant s’en procurer, aussi bien les camés que les chefs de famille, devront payer. Nous payer. Pour le faire. Je veux qu’ils payent, même si c’est pour une simple idée, une hypothèse. Je veux que le simple fait de penser à ce produit coûte de l’argent.

C’était là leur façon de faire. La façon Kramer. Gagner à travers le profit. Gagner en ayant le monopole du profit. Les autres ne pourront que se raccrocher aux miettes qu’ils laisseront derrière eux. Jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus suivre. Jusqu’à ce que la somme, les chiffres en jeu, dépasse leur espoir les plus fous. Jusqu’à ce qu’ils étouffent jusqu’au dernier leur rêve de grandeur. Qu’ils voient la pyramide qui se dresse devant eux. Qu’ils la voient grandir à chaque pas qu’ils feront vers le sommet. Que ce sommet soit inatteignable pour les autres. Voilà ce que signifie être un Kramer. Siéger au-dessus des autres, toujours plus haut. En vouloir plus, être affamé sans cesse de réussite. D’une réussite insatiable. Tout en repoussant toujours plus loin les limites de la perfection.

Elle se permet de boire une nouvelle gorgée de son thé, la gorge sèche après de si long discours, rapportant son attention sur Reagan, une nouvelle fois. Cette question aussi, était pertinente, quoi qu’elle la laissât de marbre à première vue. Ce genre de préoccupations appartenaient aux chimistes et aux humanistes. Et elle n’était ni l’un. Ni l’autre. Elle se moquait bien des addictions que pouvaient provoquer cette substance. Mais elle connaissait suffisamment son jumeau, et sa curiosité malsaine, pour savoir que lui, serait vite plus concerné qu’elle.

Les effets sont divers et variés de ce que j’ai pu lire des premiers rapports. Les tests indiquent des hallucinations et tout un tas d’autres joyeuseté. Qui affectent tes sens, tes humeurs et tes pensées, pareil pour ta perception. Elle agit également sur les humeurs, sur le jugement et sur la concentration. Entre autres. La liste est longue, mais les effets sont variés. Il parait qu’ils dépendent également de la personne. Du moins, c’est ce qui est ressorti des tentatives effectuées par les nerds du vaisseau.

Tapote à nouveau sur son Axiom.

C’est dans le rapport que je vous ai envoyé de toute façon. Ils figurent dans la liste des données que j’ai mis à votre disposition. Et pour répondre à ta question Vasily. Les effets secondaires sont aussi variés que les effets primaires. Allant de l’addiction forte aux insomnies, étourdissements, engourdissements et tremblements et j’en passe.

Elle se perd dans le regard de son frère un moment. Le fixant pendant une trop longue période. Inquiète, tout au fond d’elle-même, sur la curiosité maladive de ce dernier. Elle savait pertinemment qu’elle n’était pas en mesure de l’empêcher de plonger dans cette spirale. Elle ni personne dans cet univers. Mais elle voulait au moins qu’il comprenne, qu’il ressente, cette émotion lointaine qu’elle lui partageaient en cet instant.

Cette crainte qu’elle refusât d’admettre.

Cette peur viscérale.

D’être seule.

Balaye tant bien que mal ces pensées parasites de son esprit. Se redresse d’un mouvement brusque, le regard rivé vers son bureau, n’osant recroiser celui de Reagan. Levant enfin les yeux vers Vasily.

Pour commencer la logistique sera parfaite. C’est ce qu’il nous faut pour tout mettre en place de toute façon. J’ai confiance en toi et Reagan. Pour que tout se déroule au mieux.

Pousse un soupir bien trop long, sûrement que toutes ces pensées l’ont plus affecté que prévue.

Je me permets d’insister sur l’importance de ce marché. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire un faux pas.

Ils seraient les premiers à s’en emparer. Il le faut. Ils en ont besoin. Elle en a besoin.