Are you gonna Stay The Night? (Alecto)

les chaines accrochées à son harnais tintent en une mélodie agréable tandis que ses talons claquent contre le sol. Tour Noire s'apprête à entrer dans le casino. et si ce soir, elle se trouve ici, ce n'est absolument pas dans l'optique de passer du bon temps à parier des crédits. perdre quelque chose d'une seule valeur virtuelle est une chose ; perdre au jeu des échecs en est une autre. et alecto ne perd jamais à ce jeu.

on la reconnait, on la salue. aux yeux de chacun, elle est le visage froid mais impartial des kymal. lorsque quelque chose semble clocher, ne file pas droit, c'est à son regard glacial et ses ongles acérés que l'on fait face. Tour Noire est ce que le vaisseau connait, accepte. cache ainsi sa réelle utilité, celle de Rook. et si ce soir, elle se trouve ici en tant que Tour Noire, c'est parce qu'elle sent que Rook va bientôt être dérangée dans ses coups. mais alecto pomeroy fait partie de ce plateau ; calme et réfléchie, elle est ici pour préparer ses coups en avance.

un regard à son axiom pour vérifier l'heure. il ne lui aura fallut que quelques minutes à peine pour se faire repérer. parfait. des gorilles viennent la chercher. elle ne baisse pas les yeux, ne se montre pas non plus rebelle. elle reste simplement elle-même : droite et sûre d'elle.

elle dégouline d'affirmation, alecto. le orange de son tailleur n'est pas une couleur qu'elle porte souvent. ses cheveux, coiffés et tirés en un chignon bas, ne font qu'appuyer le côté femme d'affaire qu'elle dégage ce soir. les portes s'ouvrent.

le jeu va commencer.
le sourire qui l'accueille est d'une hypocrisie sans nom. elle ne se vexe pourtant pas le moins du monde. elle n'en attend pas moins de la cheffe de famille kramer. et comment lui en vouloir ? elle aussi, elle vit dans une bulle de mensonge perpétuelle. — bonsoir, madame kramer. je ne pensais pas être invitée à vous rencontrer ce soir, si j'avais su, j'aurais fait plus d'efforts pour me montrer présentable. sa voix n'est qu'un venin langoureux. elle ment, elle joue dans la même cour que reyna pour ce coup là. elle en était persuadé qu'en mettant les pieds ici, elle attirerait l'attention. n'est-ce pas là la réelle raison de ce orange ? elle, petite proie, a voulu attirer la prédatrice. jusqu'à ce que les rôles ne s'échangent, en temps voulu.

sa bouche pulpeuse et maquillée d'un rouge à lèvre brun, rendu brillant par un gloss, s'étire en un délicat sourire juste le temps d'un soupir. les remarques désobligeantes sur sa maison passent sur sa peau, la caressent et s'envolent loin. elles ne sont rien ; tout au plus, uniquement fuel pour la détermination de la Tour Noire.

d'une élégance qui n'a rien à voir avec les pions parfois bourrus et simplets de sa maison, alecto s'assied tout en croisant les jambes, les coudes appuyés contre les accoudoirs du fauteuil tandis que ses mains manucurées se rejoignent l'une dans l'autre. — je ne serais pas contre une tasse de café. nous avons du très bon thé, mais nous sommes d'accord pour dire que la théine manque trop souvent de mordant. ses lèvres roulent en un sourire un peu plus franc, dévoilent presque le blanc de ses dents.

alecto écoute, remercie du bout des lèvres lorsqu'on lui apporte la dite tasse de thé. femme reste élégante quand la tasse prend place entre ses mains anguleuses. elle ne feint pas la surprise, se refuse d'aller autant sur l'hypocrisie de bas étage. — étrange, en effet. avale une première gorgée de café qu'elle s'est refusée de sucrer. ses épaules sont basses, bien que son dos toujours aussi droit. l'une de ses jambes, qui sont toujours croisées, se balance tout en douceur. tournée totalement face à reyna, elle utilise l'entièreté de son corps pour appuyer sa communication non verbale : elle se sent à l'aise ici et est totalement ouverte à la discussion. mais alecto ne rit pas. — et nous accuser serait cohérent. nous savons que la confiance n'est pas un mot souvent lié à ma maison. j'en suis la première consciente, néanmoins désolée. son ton n'est en rien agressif. il n'est pas non plus misérable. elle est simplement en train de reconnaître leur tort passé et l'image désagréable qui leur colle à la peau. une nouvelle gorgée de café. — et je vous remercie pour votre ouverture d'esprit. foutaise, elle le sait. elles le savent. qu'importe.

le jeu continue.
d'un geste très élégant (peut-être trop pour une kymal, d'aucuns diraient), elle dépose la tasse chaude sur le guéridon à ses côtés. s'apprête alors à être bien plus sérieuse, la femme froide et irréprochable qu'elle est pour sa maison. — j'entends et suis au courant de beaucoup de chose, en effet. cependant, vous comprendrez que mon rôle de Tour Noire m'interdit de dévoiler tout ce que je sais. on m'a fait confiance pour avoir pris la relève de ma prédécesseuse. j'écoute et entends les plaintes et réclamations de chacun et chacune sur le vaisseau. tout dévoiler reviendrai à briser leur confiance. décroise ses jambes pour les croises de l'autre côté. — cependant, je comprends l'embarras dans lequel vous êtes. et rassurez-vous, je ne vais pas vous demander de me payer pour les infos que vous désirez. je vous demanderais simplement deux choses en guise de notre collaboration. ses lèvres ne sourient pas, mais son regard se veut doux. — la première chose, j'aurais besoin de savoir quelles sont les choses que l'on vous a volé et celles qui sont introduites. son regard se plante bien plus dans celui de reyna. — la seconde, c'est que nous soyons seules. vous avez votre façon de fonctionner, j'ai la mienne. je suis prête à vous partager ce que je sais, si cela peut vous aider ; en échange, j'attends de vous que vous respectiez ma demande. voyez-vous madame kramer, en tant que kymal, la proximité avec l'humain est quelque chose qui me tient à cœur. gardons nos secrets entre nous. et c'est lorsqu'elle parle de secret qu'un sourire habille ses lèvres, juste avant qu'elle ne reprenne sa tasse pour avaler une nouvelle gorgée.