Yve sans S

Mental
Imaginez une parodie de personne âgée, un caractère aussi inflexible que du métal. Voyez un corps que l'on entend avant même de voir  (et de loin). Pensez à la définition de « chiant » dans le dictionnaire. Ajoutez maintenant un esprit vif, aussi rapide qu'un processeur I7 de dernière génération. Rajoutez un vieil accent flamand, rocailleux, qui roule le long d'une gorge pareille à celle d'un oiseau déplumé. Sentez comment on vous regarde, avec un intérêt tout relatif ; de son point de vue acéré, votre beauté ou votre laideur n'a pas la moindre importance. Ce qu'il regarde, c'est comment votre corps fonctionne. Et de quelle manière vos os sont assemblés.

Un esprit mécanique, pragmatique, sarcastique. Des mots qui ne ratent jamais leur cible, une empathie quasi inexistante. Qu'on pourrait qualifier de pastiche, tant elle se montre grossière. Un cerveau toujours en ébullition, des idées fusant dans tous les sens ; un train à grande vitesse qui a la flemme de marquer un arrêt pour vos beaux yeux. Des réponses vagues, quand vous n'êtes pas assez intéressant pour le forcer à souffler.

Des intérêts spécifiques limés au bout de doigts arachnéens. Un faux calme habité dans une voix rauque, la passion qui ne donne pas l'air d'exister dans la carcasse. Il critiquera vos goûts, il dressera de vous un portrait peu flatteur. Il accueillera vos reproches sans broncher - c'est qu'il se fiche bien de ce que les autres pensent de lui. Débattez : vous perdrez. Il aura toujours raison, et sur tout. Buté comme un chat, féroce comme un lion. Vous perdrez patience avant même de le contempler ployer.

Allons bon, soyez sérieux : c'est un squelette, du papier de soie. Un mouvement trop brusque, et vous l'aurez brisé. Une fragilité et une vulnérabilité encadrées par des murs en titane. Ne pardonnez pas son mauvais caractère, il n'en sera pas désolé. Traitez-le avec équité ; il est plus capable que vous. Son intelligence vous fera sentir insignifiant et stupide - c'est dans le ton, et dans le regard, dans les « pfff » dignes d'un cheval en fin de course quand vous ne maîtrisez pas assez un sujet. Agaçant, pénible, fatiguant, ennuyeux, chiant. À fuir. L'autre là, le boiteux. Van machin. Quand il donne cours, il s'emmerde autant que ses élèves.

Parle tout seul, qu'importe si on l'écoute. Fonctionne au café - ne jamais lui parler avant son troisième mug -, s'écroule de fatigue quand le corps ne tient plus. Les nuits d'insomnies s'allongent, elles s'égrènent, le temps s'écoule - qu'importe, dans cette cage de métal géante, le matin est une construction sociale.

Superficielle.

L'image se précise. On l'entend avant même de le voir, quand il se déplace à bout de souffle dans les artères du vaisseau. La béquille qui frappe au sol, la toux qui pulse dans son long cou. Une épaule plus basse que l'autre, un corps veiné et désarticulé. Des os pointus, les jambes arquées - la gauche se fait le caprice d'être plus courte que l'autre. Des cheveux bruns et épais, partant aléatoirement autour d'un front haut  - métaphore des idées, qui ne font jamais de pause. Des grains de beauté ici et là, éparpillés comme les Post-its sur son bureau. Entamés et vite oubliés dès qu'il est pris dans quelque chose. Et oh. Il est souvent pris dans quelque chose. Vite ! Si le matin est une construction sociale, le temps file entre ses longs doigts. Et du temps,

Van Hecke sait qu'il en possède peu.
Bah. Il ne compte pas vivre longtemps.

Posez-lui des questions sur sa vie, il n'entendra rien. Demandez-lui ce qu'il pense des Kramer, et il vous servira une conférence de quatre heure sur eux. En long, en large, en travers, en diagonale et à reculons, il vous détaillera un monde plus beau. S'ils n'étaient pas là.

Imaginez : un genre de jeune vieux, qui n'a jamais abandonné ses rêves. Qui s'auto-alimente avec seulement ses utopies, et ses idées. Les cernes sous ses yeux bruns témoignent de ses nuits passées à travailler, encore, travailler, toujours. Et râler.

Râler parce que le domaine où il excelle, là où s'étire son rôle de Cyclamen, c'est ce qui l'exècre le plus. Philosophe du premier jour de son réveil, jusqu'au moment dernier. Bâtir un monde idéal, sans krapitalisme et sans les Théséisses, il le veut. Il le veut tellement que ça brûle dans ses veines, chaque molécule dans son corps explose. Mais voilà. Il n'est pas seul, les autres individus de Néo ont des émotions et des attentes. Leur propre volonté. Et lui doit jongler avec ça.

Il n'est pas assez doué dans le cirque social, son corps ne lui permet pas de faire des pirouettes suffisantes pour être acceptable. Vos beaux sentiments pour sa condition, il les raille. Il est solide à l'intérieur, et dans les gestes, et dans les paroles. Oh oui, il est fort. À la manière du métal qui ne ploie pas, malgré la fatigue et les articulations qui meurent un peu plus chaque jour. Ne sous-estimez pas sa poigne, il brisera la vôtre entre ses doigts malingres. N'imposez pas votre aide, il sait mieux que vous comment se gérer.

Imaginez une parodie de personne âgée. Cantonnez l'âge à la petite trentaine ; il aura abandonné sa jeunesse, aussitôt qu'il aura compris que Néo lui a arraché ses deux coeurs. Ceux qui faisaient fonctionner l'empathie, l'amour, la joie, ses rires. La perte est d'autant plus amère qu'il n'y a pas de noms et de visages à imprimer sur ces deux emplacements. Lui fait fonctionner pour trois coeurs, se retrouve à devoir vivre avec un seul.

Yve Van Hecke, le petit génie de l'armement et de nanotechnologie, qui cherche à percer à jour Dogma. Capable de créer du sang artificiel pour sauver des vies, résume sa carrière à devenir un futur monstre. Le colon aux trois pattes, l'oiseau abîmé, la machine dans la carcasse bousillée d'arthrose.

Note : le sang artificiel existe déjà source

Borné // Ennuyeux // Parle énormément lorsque le sujet l'intéresse // Intelligent et débrouillard // Faux calme // Vit dans son bordel // Un IS sur les oiseaux // Un autre sur la radio // Va droit au but // Évite les gens et le bruit // Insomniaque // Grincheux // Peu impliqué dans les relations sociales // Voit le Lotus comme une figure parentale // Ne sait pas prendre soin de lui // Inventif et inventeur // Sec et cassant // Sarcastique // Saisit peu l'ironie // S'agace facilement // Très passionné // Naturellement curieux // Un charme certain de vieil informaticien

Histoire
Résumé :

An 21 - Il s'est éveillé jeune, il s'est levé vieux. Autour de lui, deux capsules de cryogénisation vidées de leurs corps. Sur son dossier sont indiqués son identité, et son état de santé : dysplasie à la hanche. Autre chose : prometteur. Pourtant, il ne promet pas de s'acclimater à la vie sur le vaisseau. Son état de santé, couplé au réveil brutal de la 3e génération, fait qu'il sera vite encadré par sa nouvelle famille pour le surveiller. La première année est d'autant plus difficile qu'il a la sensation que quelque chose manque. Et qu'il ne saura jamais les noms qu'on a donnés aux corps qui l'ont entouré. Il fera souvent le même rêve, qui au fil des années s'étirera dans l'oubli ou dans le déni. Six mois après, l'état de sa hanche le force à se déplacer en béquille.

An 22 - La vie à bord n'est pas rose, mais les découvertes des nouvelles ailes lui permettent de se concentrer sur autre chose que sur sa santé. Yve interroge et se questionne : peut-on faire confiance à Dogma ? Pourquoi une IA garderait-elle secrets certains endroits du vaisseau ? On mettra son caractère indocile sur le compte de l'adolescence. Les Azaraïs ne sont qu'au début de leur peine avec cet esprit buté.

An  26 - Yve s'oriente naturellement vers le génie biomédical. Sa capacité d'analyse, son besoin de solitude, sa propre condition, cela l'encourage à améliorer la technologie à bord de Néo. Il s'intéresse aux algorithmes pour rendre l'analyse de l'imagerie médicale plus rapide et précise. Il se pose aussi des questions éthiques sur l'utilisation de l'IA, sur le libre-arbitre des habitants de Néo. Il s'acclimate plus vite aux nouvelles technologies découvertes qu'aux gens. Il saoule suffisamment les autres pour monter à bord des vaisseaux trouvés par les Galéreis, et ainsi étudier leur fonctionnement.

An 30 - Le petit génie met au point du sang artificiel à l'âge de 25 ans. Yve s'est basé sur d'anciens travaux abandonnés par l'actuel Cyclamen ; ce n'est pas une création réellement utile sur l'instant T. Mais cela attire suffisamment l'attention sur lui pour qu'il devienne son assistant. On le pousse à travailler davantage à l'amélioration des véhicules spatiaux pour permettre aux Théséisses de naviguer en toute sécurité lors de leurs phases de test.

An 32 - Yve se tient éloigné des chamailleries entre les Krymal et le reste de Néo. Il s'intéresse aux exosquelettes retrouvés dans les salles, et pousse ses recherches en nanotechnologies pour produire des vêtements capables d'analyser les besoins vitaux de leurs porteurs, et ainsi rendre les exosquelettes plus performants.

An 35 - Sa santé ne lui permettra pas de prendre part aux expéditions de Hénillon. Si cela le frustre au plus haut point, Yve n'en dira pas un mot. Malgré tout, il sera désigné comme futur Cyclamen lorsque son prédécesseur décide de prendre sa retraite. Yve est jeune, ambitieux, mais ce rôle est accepté à contrecœur. Pour lui, ses recherches doivent améliorer la vie des gens. Pas éventuellement la détruire.

An 36 - La virée sur Eonia - qu'il verra de loin, entendons-nous - lui ouvre une nouvelle voie. Dans l'espace, les besoins et les possibilités sont infinis. Mais Yve a besoin de se préparer en amont, et rongé par la curiosité, il met la main sur un émetteur radio. Tous les "soirs" vers 21h, il cherche un signal dans l'espoir de (re)trouver une autre forme de vie.

An 40 - L'évolution de son état n'est pas prometteur. L'arthrose commence à gagner l'articulation de son genou gauche, et de son épaule droite. Yve se fait à l'idée qu'il ne fera pas long feu sur Néo, alors il décide de prendre sous son aile un·e assistant·e.

An 42 - Ew. Le Référendum.

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Il y a deux trous dans sa poitrine. Fait pour marcher avec trois coeurs, Yve se retrouve avec un seul. Pourtant, il a depuis longtemps, fait avec. Son corps n'a jamais fonctionné selon ses attentes ; vite fatigué et fatigable. Certains jours sont plus difficiles que d'autres, et forcés au repos, Yve se met à penser. Sa solitude, si attachante, si nécessaire, est parfois un fardeau lorsqu'il se rend compte des trous dans sa poitrine. Imaginez, un deuil sans visages et sans noms. La sensation de vide, jamais comblé, même après les années. Surtout après toutes ces années. S'éveiller dans la capsule de cryogénisation, avec deux corps autour de lui.

Est-ce qu'iels sont les deux cœurs qu'on lui a arrachés ?

Yve dort peu pour ne pas rêver.

Le sommeil est une denrée rare qu'il ne peut consommer. La douleur le maintient éveillé, et souvent, l'épuisement est trop avancé pour que l'esprit parvienne à tomber dans les bras de Morphées. Quand il ferme les yeux, il sent sous ses paupières, les pulsations d'un coeur en mauvais état.

Les articulations qui grincent, comme les joints de l'ascenseur qu'il prend tous les jours.

Vous l'entendrez râler sur des détails insignifiants — vous parlez trop fort, il a besoin de silence —, jamais il ne parlera de la souffrance de ses os. L'arthrose grimpe dans ses articulations, toujours un peu plus. La mort fait partie de sa vie.

Fermer les yeux, croire sentir sur sa peau, le vent frais d'un jour de printemps. Absorber les sourires autour de lui, les rires qui jacassent comme des oiseaux. Des peaux mates, des dents blanches. Des cheveux épais et bouclés, des breloques aux poignets. Un parfum de chocolat et de thé ; un livre sur les oiseaux, taché à la page 46. Une silhouette féminine qui danse et court face à un autre. Ce n'est pas lui, car il n'est qu'un spectateur. La jalousie qui ne sait guère où regarder : vers la fille ou le garçon ? Celui-ci a la peau plus noire, un sourire confiant et rassurant. Sa carrure est plus épaisse ; il est toujours en barrage près de lui pour le protéger des passants.

Est-ce un rêve ou un souvenir ? Cela vient-il d'une vie passée, et si c'est le cas, a-t-il la certitude que ce sont les souvenirs de la Terre qui remontent ?

Dans les mauvais jours, Yve se plaint de vous pour un rien. Il vous observe le distancer quand vous marchez dans les couloirs. Cela le fatigue, mais il ne vous le dira pas. Il vous accusera d'un trop plein d'énergie, qui chez lui n'est exprimé que sous la poitrine.

Il ne peut pas courir après la vie, alors il se contente de la voir défiler loin devant lui.

Facts
Une santé en carton, un caractère en métal — Le corps bourré d'arthrose — Dysplasie à la hanche, Yve utilise une béquille pour se déplacer — Et dans les mauvais jours, un fauteuil. — Accro au café — Dépendant à la morphine — Plus grand qu'il n'y parait, mais sa posture tordue raccourcie son 1m85 — 65 kg d'os — Fume occasionnellement des joints pour supporter la douleur (et les réunions interminables) —  Très au courant qu'il est plus intelligent que vous (et son joueur), il est au courant, merci. — Par contre, une empathie à revoir — Saute d'idée en idée, tel Mario de brique en brique — Sur 15 mille projets en même temps — Extrêmement bordélique, mais il s'y retrouve parfaitement — Un accent flamand prononcé — « Pfffffffffffff » — Roule des yeux quand la discussion le saoule — Un avis tranché sur tout et surtout sur ce qui ne le concerne pas — Les notions de genre sont un non-sujet pour lui, tellement Yve s'en fiche — Hyperfixation sur les oiseaux, et une collection incroyable de documents sur le sujet — Il écoute du Jazz, oui oui. — C'était un adolescent déjà vieux et chiant — Maintenant, un presque quarantenaire boomer et toujours pénible — Rêveur et utopiste, juste, mais une morale relative — Si Yve devait sacrifier Néo et tous ses habitants pour avoir la main sur la découverte du siècle, il n'hésitera qu'une seconde (juste pour Morgan et Riordan) — Utilise un vieil émetteur radio dans l'espoir de capter une autre forme de vie — Mais à la place, c'est vos discussions gênantes qu'il a déjà écoutées (et vous ne voulez pas en parler) — Coupe la parole dès qu'il sait où l'autre veut en venir — Accro à la solitude — Vous insultera au moins une fois en néerlandais — Son style vestimentaire sort tout droit des années 90 — Habile de ses mains, pas de ses pieds — Persuadé de comprendre le second degré de par ses remarques sarcastiques — Pourtant ne cerne pas l'ironie — Cliché de l'homme blanc et cisgenre, dont on a pardonné le manque de filtre par l'autisme soupçonné — Porte souvent de gros pulls bruns — Un rare sourire à fossette qui illumine ce visage fatigué en papier mâché — Fait craquer ses phalanges pour agacer — Les sourcils toujours froncés — Quelques cheveux blancs perdus dans sa tignasse brune — Les mains et les avants-bras veineux — Aime les couleurs chaudes et les gens solaires — Spécimen aro/ace qui a réussi l'exploit d'être pan et polyA — Vous vous prendrez un jour la tête avec lui, c'est une expérience universelle à bord du Néo Century. — Cherche à comprendre et cerner Dogma.

Feat
Viktor Arcane - League of Legends .