8 h 53 - Magnetic (Maely)

8 h 53 - Magnetic

L’envie éveille,
Le Désir, jusqu'à
L’Obsession.

Perchés sur ses hauts talons, prête à piétiner le monde. La grandeur d’une reine sur un visage aussi doux. Suscitant la curiosité de ce masque figeant ses traits dans le mépris des autres ? Cette barrière de glace pour piéger éternellement le malheureux qui ose s’approcher d’un peu trop près. Fascinante envie de plus. 

Qui es-tu ma chère quand ton hiver s’arrête ?

N’avoir que des flocons de toi, éphémère, insaisissable. Fondant en un instant pour disparaitre dans la plus grande des frustrations. Des années sont passées et pourtant tu restes le mystère de cette saison tant redouté. Même préparer à la froideur de tes mots, la brulure de ses piques de glaces restent toujours aussi douloureuses à encaisser. Pour ton plus grand plaisir de tourmenter mon esprit. Cela ne fait qu’attiser le désir de plus. 

Sais-tu te réchauffer sous les rayons d’une supernova ?

Rendez-vous pris pour une énième discussion. Prétexte pour être à ton contact ? En quelque sorte. J’ai cet endroit en tête, sur la dernière planète que nous avons visitée qui m’appelle. Jour et nuit, ce que j’ai vu à ce moment me hante. Comme le bruit de tes pas jusqu’au bureau que j’ai déjà investi. Oreilles attentives à ce son si particulier, tellement toi…

Un regard sur divers documents ici et là sur son bureau, il ne fallait pas laisser à portée d'yeux ces informations…je veux cette mission…Roi temporaire d’un monde qui n’est pas le mien, j’attends son arrivée sur son trône. “ Madame ~ “ Ronronnement à peine caché, satisfaction de sa présence. Le radar de précision que mes yeux ont développé inspecte cette perfection sur aiguille. Tiens…? “ rare de t’avoir de si bon matin. Je suis honoré que tu aies validé ce rendez-vous. "Le temps a- t-il une réelle dimension ici ?... Modeste offrande chaude diffusant ce réconfortant parfum de café dans la pièce. Je veux toutes les chances de mon côté. “ Je veux être sur la mission. Tu ne peux pas me refuser ça. Vous avez besoin de moi, et je dois retourner sur cette planète.” 

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8 h 53 - Magnetic

An 42, juillet du calendrier Terre -- bureau d'exploration --  feat. @Holy Winchester

Il était tôt, ce matin-là, mais l’heure avancée du cycle jour-nuit du vaisseau n’avait jamais effrayé Maeve, ni aucun Vaga à sa connaissance d’ailleurs. Même lorsqu’ils ne quittaient pas le Neo Century, la Maison des aventuriers restaient des lève-tôt en effervescence. La preuve en était qu’Holy, cartographe de son escouade d’exploration, avait saisi la première heure pour venir évoquer un sujet d’une grande importance, avait-il dit.
Parfois, Maeve et lui n’avaient pas la même définition du mot “importance”, il arrivait même que la jeune femme peine à le suivre. Son côté explosif, émotionnel. Il était tout aussi feu qu’elle était glace. Une opposition évidente dès le premier jour où ils s’étaient rencontrés, lui, un ancien de la Terre et elle, une née de l’espace.
Les regards extérieurs se demandaient souvent comment l’un et l’autre avaient pu tisser des liens. Probablement qu’elle se le demandait aussi de temps en temps. Mais ils se retrouvaient sur un point essentiel, le besoin de sortir de leur maison en métal et une fascination pour l’extérieur.

Vêtue de blanc, comme toujours lorsqu’elle était “assignée à résidence”, tellement habituée à entendre le claquement de ses pas résonner dans le silence du petit matin qu’elle ne l’écoutait plus, tout comme elle n’écoutait pas la douleur à sa cheville.
La porte déjà entrouverte lui fit froncer les sourcils, durcissant les traits qu’elle n’adoucissait que très rarement, mais rien dans le procédé ne la surprenait.

- Bonjour Holy.  

Des gestes amples et assurés viennent se débarrasser de la veste qu’elle portait pour la jeter sur le siège le plus proche alors qu’elle n’avait pas cessé d’avancer jusqu’au bureau déjà investi.

- Tu n’aurais pas lâché le morceau si j’avais refusé, et je sais depuis combien de temps tu n’es pas sorti d’ici. Je ne pouvais pas te dire non.

Oubliant de chasser le cartographe de son propre fauteuil, la jeune femme s’installa sur un bout de son bureau près de lui, attentive même si elle n’en avait pas l’air, alors que l’odeur du café lui montait enfin au nez.

- Ah ! C’est l’obsession qui t’amène.
Elle marqua un temps de pause, ignorant qu’elle visait doublement juste. - J’aurai dû me douter qu’Eonia t’avait tapé dans l'œil.

Rictus moqueur, comme on charriait quelqu’un ayant révélé son béguin d’adolescent alors qu’elle tendait la main vers ce qu’elle interprétait comme une offrande. Oh elle avait tout à fait compris l’objet de la visite d’Holy mais en parler sans un café, était-ce seulement possible ?

- C’est pour moi ?

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8 h 53 - Magnetic

Un léger balancement, la chaise qui grince sous mon poids. Banshee dans l’attente de sa muse, le poing soutenant la tête, l’autre main allongée nonchalamment sur l'accoudoir. Un soupir silencieux de satisfaction. Elle a accepté mon caprice matinal d’artiste à l’horizon. Sans froisser aucun trait de son élégant minois, ou presque. — Touché.

Je ricane à ses mots. Nous, les Vagas, avons toujours ce mal de vivre en cage, enfermés dans cette immense boîte de fer, alors que quelques envolées suffiraient pour que l’infinie découverte nous nargue à travers d’insolentes planètes inconnues. Chaque jour, apparaissent sur la carte des terres à explorer. La sensation de perdre du temps, de notre courte existence. — Ose me dire que ce que j’ai vu là-bas n’a pas éveillé ta curiosité…

Cette vision me ronge depuis, chaque nuit, chaque fois que mon esprit s'égare. J'imagine de nouveau fouler cette terre à peine explorée. Trop dangereuse. Secrète. Trop bien protégée pour qu’elle n’ait "rien" à nous offrir. — J’ai bien des dépendances, mais celle-ci n’est pas pour moi. Le goût, l’odeur, ce genre de boisson, vraiment pas pour moi.

Une bille d’acier lancée dans les airs reste suspendue par la technologie dans un hologramme. Cette planète se matérialise dans différentes coupes. Et cette crevasse… — Quelque chose là-bas vibre d’une énergie très forte, ça faisait planter tous mes paramètres. C’est un espace creux que mon équipement n’arrivait pas à détecter. Pourquoi cela serait-il caché s'il n’y avait rien ? … Le danger d’une telle expédition pour un simple instinct… — Une planète similaire à la nôtre. La mienne. La Terre…

Je jette un regard plus intéressé sur celle que je devais convaincre. Serpent aux yeux dorés tentant d’hypnotiser. La voix plus lente, plus calme, sérieuse. Quand il s’agit de pouvoir m’échapper de ce tas de tôle… je mets les formes à cette discussion. Les mots sont soigneusement choisis. Des arguments solides pour faire pencher la balance de mon côté. — Tout y est semblable : l'oxygène, l'atmosphère. Et le principal — il y a aussi cette végétation qui ressemble curieusement à celle que j’ai connue… ce serait bête de ne pas l’analyser… des graines à semer. Saines. Et non transformées… Croquer dans un fruit frais sous les rayons d'un vrai soleil. Qui ne rêverait pas d'une pause sur la terre ferme ?

— D’ailleurs, marcher sur la terre ferme ferait du bien à ta cheville. Un bras se tend pour tapoter de l’index verni cette malléole souffrante. — Comment vais-je vivre sans le claquement de tes talons dans les couloirs ? Sourire charmant, charmeur, aux nuances de provocation.

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8 h 53 - Magnetic

An 42, juillet du calendrier Terre -- bureau d'exploration --  feat. @Holy Winchester

Maeve avait attrapé le café sans ajouter un seul mot, inclinant légèrement et simplement la tête. Elle avait l’habitude des discours d’Holy et de ses envolées lyriques, de ses attentions quand il désirait ardemment quelque chose, dans son travail comme dans sa vie de tous les jours. Ce n’était pas déplaisant d’ailleurs, c’était même toujours intéressant, cette flamme passionnée qui se heurtait à la glace de son regard. Et plus il y mettait de forme, plus elle savait que c’était important pour lui.

Et alors qu’elle avalait les premières gorgées de boisson salvatrice, elle observait et écoutait, immobile, comme un prédateur reste sans bouger dans l’attente d’un dénouement certain, pinçant parfois légèrement les lèvres et ne haussant qu’un sourcil presque imperceptiblement lorsque l’hologramme se matérialisa entre eux.

Ce n’est que lorsqu’il termina son plaidoyer que la jeune femme fronça plus nettement les sourcils. Le pied maintenu par ladite cheville affaiblie vint s’écraser vivement mais sans force sur le torse du cartographe. Il avait toujours été d’une intuitivité exceptionnelle et qui, pour la froide Maeve, s'insinuait encore parfois avec une pointe d’intrusivité. Elle qui masquait ses faiblesses ne se faisait pas toujours à l’idée qu’il les dévoile avec autant de nonchalance.

- Laisse ma cheville où elle est, si tu murmures ça aux mauvaises oreilles, je serais clouée ici et tout ton beau discours pourrait tomber à l’eau.

Hors de question de rester à quais pour une stupide douleur. Et oui elle savait que sa réflexion était tout aussi stupide. Mais on ne se refaisait pas, et la crainte de louper une expédition pour raison médicale planait constamment au dessus de la tête d’un Vaga.

- Quand à tes tirades, toujours aussi enflammées, tu sais bien qu’à moi tu n’as pas besoin de sortir le grand jeu. Sur le fond je suis déjà d’accord pour continuer à l’explorer.

Elle marque un temps de pause trop court pour ne pas laisser aux étoiles le temps de s’installer dans les yeux de son vis à vis.

- Cependant Holy, je vois bien comment tu traites chaque sujet qui te passionne et je ne veux pas te laisser te bercer d’illusion.

- Même si nous enregistrons des similitudes avec ton ancienne planète, Maeve ne se sentait pas concernée par la Terre en étant née sur Neo, les températures d’Eonia sont bien trop hautes maintenant pour imaginer en faire quelque chose. Je ne dis pas qu’il n’y a jamais eu de vie dessus, mais vue son aridité je pense qu’il y a longtemps qu’elle est devenue inhospitalière.

Quelques gorgées de café plus tard, levant un doigt en l’air pour demander en silence de pouvoir finir.

- Tu as raison, son atmosphère ne nous demande pas un matériel très développé et si la chaleur n’était pas aussi intense nous pourrions nous y promener comme dans une salle un peu trop surchauffée.

- Et oui j’admet que ce trouble dans nos machines éveille ma curiosité… Mais tu te passionnes pour un désert.

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8 h 53 - Magnetic

Nouveau grincement. Pression qui enfonce la Banshee dans son siège. L’acide regard sur cette femme qui lui marche dessus ? Provoque. Sourire carnassier dévoilant beaucoup de canines pour cacher son amusement.

Un pas plus lent de quelques secondes, un bruit de talon moins appuyé dans l'écho de ses pas, le fait qu'elle s'appuie plus sur un côté que sur l’autre. De si minuscules détails qu’il faudrait passer des heures à observer pour savoir. Voire indétectable pour le commun des mortels…

Doigts glacés qui se permettent de venir effleurer l'arrière de son mollet, redessinant la courbure de sa jambe.- Je me permets d'attirer ton attention sur celle-ci. Si tu ne te soignes pas, ça finira par attaquer ton genou. Et marcher avec un genou flingué, ça passera beaucoup moins inaperçu…

Index qui vient dans un contact plus prononcé. Crochetant cet insolent talon qui vient se planter pour remettre en place l’égo s’envolant dans l’excitation de l’aventure… - Pourquoi es-tu toujours si terre à terre…L’air faussement boudeur. Taquin. Stiletto qui glisse de son emprise pour soulager la pression - Plus sérieusement, Maeve. Ta cheville. Le ton plus grave résonne dans les mots, avec des nuances d’inquiétude. - On va faire comment si tu dois rester ici ? Ça va nous laisser beaucoup trop de liberté et tu sais, que je sais, que nous savons, que sans toi, nous n’avons pas de limite, ni de cap. Notre guide. Notre phare. Connaissant la petite troupe, il est fort probable que… "quelques libertés" soient prises… sans surveillance… pour… décompresser.

Fraîcheur se pose dans un peau contre peau. Les mains tatouées, de part et d’autre de la cheville, captent immédiatement la chaleur, passant d’une température extrême à l’autre. Délicat, surveillant du toucher, le moindre frisson de douleur. Regard restant constant au sien, respectueux. - J’ai le droit de rêver… Depuis combien de temps notre escouade n’avait pas mis le vaisseau dehors ? Perdre la notion du temps. Avant de perdre l’esprit.

Il fallait essayer. Même si cela n'avait que très peu de chances de fonctionner. Au moins tenter sa chance. Une opportunité sur deux d’arriver à sortir de cette boîte de métal. - J’ai entendu qu’on allait être mobilisés pour certaines sorties extérieures… On est des chauffeurs privés maintenant ? J’aurai un beau costume et un slogan de notre maison ? Pique lancée sans en être une. Si ces rumeurs étaient vraies, cela devait être un contrat intéressant. Des enjeux plus grands que nous ne pouvons imaginer. - Si on a de bons retours, j’aurai droit aux compliments de madame ? Léger rire. Cette idée ne n'enchantait pas réellement…

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An 42, juillet du calendrier Terre -- bureau d'exploration --  feat. @Holy Winchester

Piquée justement mais piquée tout de même, Maeve avait roulé des yeux un bref instant avant de revenir planter son regard glacé dans celui d’Holy Winchester.
Si la louve ne mordait pas plus que ça malgré les aises que prenait le cartographe, c’était bien parce qu’elle savait qu’il avait en grande partie raison. Il avait cette fâcheuse tendance, souvent, à laisser parler son sens un peu trop poussé de l’observation, à observer à la limite de l’insolence. Mais également à viser trop juste pour être simplement rabroué et ignoré.

C’est ce qui en faisait un allié particulièrement efficace sur le terrain. Et un camarade de maison un peu trop agaçant lorsqu’on était constamment retranchée derrière un mur de glace..
Malgré tout, Maeve laissait sa cheville douloureuse entre ses mains entre lesquelles elle avait également déjà placé sa confiance sans jamais le regretter, les sourcils froncés non pas à cause des gestes d’Holy mais à cause de ses propres pensées.

- Je déteste quand tu as raison sur des points qu’on aimerait pouvoir oublier… Et inutile de me brosser dans le sens du poil, veux-tu ? Je ne t’aurai pas contredit dans tous les cas. Il faut que je la soigne, je le sais… Mais la dernière sortie était trop importante pour que je la rate.

Son regard réclamait en silence de ne pas en rajouter, consciente qu’elle n’aurait pas dû sortir et aggraver l’état de son articulation dissidente.
Si elle avait retenu un soupir d’aise au contact des doigts froids du Vaga, elle ne pu empêcher la grimace de déformer son visage quand il trouva le point sensible. Depuis combien de temps ignorait-elle cette douleur pour qu’elle se rappelle à elle avec la vivacité d’un serpent qu’on aurait trop provoqué ?
Elle n’aurait su le dire, mais guettait la lueur de reproche dans les yeux d’Holy maintenant.

Ses doigts, fuyant généralement le contact, vinrent se glisser sur la joue de l’homme toujours assis sur son siège pour lui caresser légèrement la joue.

- Je suis terre à terre parce que mon père ne l’est pas. Et pour te permettre de continuer à rêver.

La phrase claque sans animosité mais sans douceur. Elle avait endossé ce rôle depuis bien trop de temps pour que cela ne soit pas irrémédiable.

- Et ne me fais pas regretter de vous faire confiance en exploration, et de relâcher un tant soit peu ma surveillance… Car malgré tout, j’ai confiance en vous.

Elle soupire, se redressant un peu.

- De toute façon la question ne se pose pas, je vais la soigner, votre Epée ne vous laissera pas entre les mains d’une autre. Et je ne te laisserai pas tourner en rond à l’intérieur trop longtemps.

Normalement. Et à ça s’ajoute une grimace, mais pas de douleur cette fois-ci, plutôt du dépit.

- Je préfèrerais mille fois t’envoyer sur Eonia, plus que ce qu’il serait nécessaire, au détriment de nos ressources, plutôt que de voir des Vaga soient relégué au rôle d’hôtes et hôtesses de l’air pour certains privilégiés. Cette lubie ne va pas durer, crois moi.

De toute évidence, ils partageaient le même avis.

- Tu as entendu quelque chose d’autre à ce sujet ?

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8 h 53 - Magnetic

Les mots sont toujours plus difficiles à encaisser quand ils sont ciblés. Francs. Vrais. La maison Vaga avait tissé des liens entre ses membres. Pas une vraie famille, mais une relation où l’on pouvait se faire confiance. Une base essentielle. Vitale en dehors de ses murs de fonte. Plus encore quand il s’agissait de la reine.

Vague de satisfaction. Savoir que Maeve ne supportait pas l’insolente vérité encore entre les mains de la Banshee. Pourtant, cela inquiétait. D’autant plus si elle se blessait en mission. Cela aurait bien trop de conséquences. Sur notre escouade. Sur nos projets. Figure de proue de notre navire, perdre notre sirène serait un désastre. « Les volatiles Vaga, insouciants, idiots, égoïstes, qui ne pensent qu’à fouler l’horizon », auraient bien du mal à se faire entendre sérieusement... Il faudrait penser à un second pour ce genre de cas...

Le contact berce d’un calme serein. L’expiration fait s’envoler toutes les frustrations liées à cette privation de liberté. Il fallait attendre. Être patient. Les yeux se ferment, savourant cette proximité de quelques instants. La joue s’appuie un peu plus sur le contact, sans dépasser les limites. C’était déjà bien assez.— Je te promets de ramener tout le monde sain et sauf. Quant à la séance détente pendant le trajet, il faudra veiller à ce que cela reste discret. Sans débordement.

Stiletto remis à la Dame Blanche, Holy se redresse du trône usurpé. Un long étirement de la nuque, craquement d’immobilité.— Prends le temps qu’il te faut pour te remettre. Nul besoin de te précipiter, ce genre de saloperie reste longtemps et fragilise. Une mauvaise réception, et ce sera pire.

Debout, dominant la Dame, un sourire crapuleux habillant son visage, il l’observe.— Et si je sais quelque chose ?... Il n’avait aucun secret pour elle. Ou presque.Des tas de rumeurs rodent dans les couloirs de l’immense vaisseau. Des réputations. Des dires. Des mensonges et des vérités qui s’entremêlent en un bruit sourd et incompréhensible.— Ça ne serait pas surprenant que des gens louent des services privés pour leurs petites affaires. Beaucoup savent que nous, les Vaga, sommes très à cran de ne pas pouvoir sortir. Je suis intimement persuadé que, pour des raisons business, des voix vont venir tenter de nous séduire, soit pour montrer que nous sommes manipulables, soit pour des projets qui nous dépassent.

L’or coule sur la belle, admirant la porcelaine de sa peau, le détail de ses iris, le rouge de ses lèvres. L’envie d’immortaliser sa beauté gronde dans son esprit.
— Je pense qu’il serait intéressant de savoir si les rumeurs sont fondées. Si cela est faux, il va falloir faire en sorte de modifier l’image de petits chiots fous qui veulent juste prendre l’air pour aller pisser sur la première planète venue.La mâchoire se crispe. L’idée que notre réputation prenne les couleurs d’une « joyeuse troupe » fatigue.— Nous sommes des explorateurs. Bien que j’aie la folle envie d’éclater mon crâne contre les murs de cette geôle, personne n'est d’accord pour tel ou tel projet. À cause des questions d’argent et de pouvoir qui tourmentent chacun de mes jours, nous ne sommes pas des bouffons.

Le volcan menaçant d’exploser reste calme, patient, dans l’attente des ordres.— Je m’égare, pardonne-moi.Une pause, avant de reprendre sur un ton plus sérieux, moins explosif.— Si la rumeur est vraie, laisse-moi voir jusqu’où ces investisseurs privés souhaitent nos services. Je t’informerai de tout, et cela pourrait être un argument de plus de notre côté...

Moue plus douce revient enfin sur les traits du saint - Ah et j’oubliais. Puis-je avoir un entrainement plus intensif ? Je me suis pris une branlée la dernière fois, je refuse d’être aussi mauvais... Main qui se laisse une nouvelle liberté, venant saisir comme un nouveau trésor la main de sa reine. -  S’il te plait Maeve. Baise-main à peine effleurée ne voulait mettre mal à l’aise par autant de contact.  

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8 h 53 - Magnetic

An 42, juillet du calendrier Terre -- bureau d'exploration --  feat. @Holy Winchester

Il y en avait encore certains qui s’étonnaient sur le passage des Vaga, de voir que malgré leurs esprits libres et avides d’ailleurs, la cohésion existante entre eux semblait tout de même indéfectible. Maeve ignorait si c’était totalement vrai, mais elle se plaisait à croire que les valeurs communes d’une maison, de leur maison, avaient véritablement soudé ses membres autour d’un espoir et de rêves communs.
Car même le plus chaotique des Vaga, ou même le plus autocentré, œuvrait malgré tout pour la cause de la maison sans que cela ne semble lui peser, voire même comme si cela était profondément naturel. Il y avait une dynamique étrange et fascinante lorsqu’on rassemblait tous ces électrons libres sous une même bannière.

Alors on pouvait bien s’étonner de voir la reine des glaces entourée de ces météores aux allures indomptables et inarrêtables, Maeve savait qu’ils étaient bien plus que ça.
C’est pour cela que lorsque Holy lui promettait de prendre soin des autres, et qu’il s’inquiétait beaucoup trop au point d’en être trop intrusif pour un glaçon comme elle, la jeune femme répondit simplement et sincèrement :

- Merci Holy.  

Ils se connaissaient depuis suffisamment longtemps pour qu’elle n’ai pas besoin de plus : ni de le remercier pour son attention, ni pour lui promettre qu’il serait celui qui prendrait le relais si elle n’était pas à leur côté.

Mais déjà, il suffisait que le jeune homme joue un peu trop de mystère et de taquinerie pour que les yeux glacés se durcissent à nouveau.
Pas que Maeve n’apprécie pas cette façon qu’il avait d’être lui, versatile, joueur. Mais plutôt parce que le sujet abordé ne lui plaisait guère.
Malgré tout, elle laissa Holy s’exprimer jusqu’au bout, curieuse de savoir ce qu’il avait à dire sur cette nouveauté qui lui déplaisait tout autant que le fait de devoir aborder le sujet.
Et il s’agissait encore d’une histoire de confiance envers son cartographe préféré, qui avait un don d’observation indéniable, qu’il l’agace ou non.

- Ne t’excuses pas pour ça Holy. Je partage ta vision sur beaucoup de points, tu le sais, et celui-ci ne fait pas exception. Je comprends ta colère, j’avoue moi même mal digérer cette information… rumeur ? Bref.

La jeune femme adressa à Holy un regard plus que compréhensif, ils étaient rares mais pas lorsqu’elle discutait avec lui. Sur beaucoup de points, ils étaient d’accord, même lorsqu’elle devait jouer la presque cheffe de famille.

- L’idée de faire de toi un espion ne me plait qu’à moitié, je ne veux pas qu’il t’arrive de problème. Et le simple fait de mettre le mot “espion” dans ma phrase est déjà problématique… Ce n’est pas comme cela que ça doit se passer entre nos maisons… Cela-dit, ce que tu dis est juste et nous ne pouvons pas nous permettre de participer à quelques magouilles. Et mettre en danger notre réputation.

Elle n’avait pas bougé, pour ménager sa cheville, mais observait Holy, jaugeant leurs options.

- Mais tu es indéniablement l’un des mieux placé pour repérer les détails. Et tu es discret.

Ce qu’elle s’apprêtait à dire ne lui plaisait pas non plus, mais la confiance qu’elle plaçait en Holy la conforta dans l’idée d’aller jusqu’au bout.
En temps normal, elle aurait déjà fait les cent pas dans la pièce, depuis le début de la conversation, du moins à partir du moment où celle-ci devenait complexe. Preuve encore une fois, que sa cheville avait besoin de repos.

- Cela restera entre nous pour le moment, je ne veux inquiéter personne, d’accord ?

Quant à la demande du Vaga, un sourcil haussé accompagna la question de Maeve, plus par amusement et curiosité qu’autre chose, de son geste et de cette nouvelle inattendue.

- Je peux t’arranger ça bien sûr, même si tu n’as pas besoin de mon autorisation dans le fond. Je suis curieuse de savoir ce qu’il s’est passé par contre.

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8 h 53 - Magnetic

Ce beau monde, au sein de cette boîte de fer, fait comme si tout allait bien. Chacun s’arme de son plus beau sourire commercial. Chacune à sa place. Chaque maison tient son rôle. Ce serait mentir de dire qu’aucune d’entre elles ne souhaite rester au sommet de la chaîne. Le contrôle et le pouvoir gouvernent l’appétit des Hommes depuis la nuit des temps.

On peut avoir de très bonnes relations, mais une opportunité peut fragiliser le cœur. Espionnage. C’est un grand mot pour une petite enquête. Est-ce la peur d’être découvert ou de découvrir ?

Une réputation. Un nom à faire briller. Certains n’ont aucun remord à prendre sans se soucier. Du chantage déguisé, des prêts douteux, des arguments poétiques pour obtenir des faveurs… Nous ne devons pas nous laisser aveugler par une « harmonie de paix générale ». Ne soyons pas si crédules.

Silence du saint qui écoute la reine envisager toutes les options. C’est un win-win d'une certaine façon : si un gain d’argent, une sortie et être dans les petits papiers de quelqu’un d’important signifient obtenir, en toute discrétion, un chauffeur privé.

Sourire en coin, satisfait, sa dame avait accepté. Bien qu’inquiète. Un hochement de tête pour un accord tacite. L’air extraverti cache bien des secrets. — Tu auras plus de messages de moi que d’habitude. ~

Plissement d’yeux, regard curieux, une pointe moqueuse de la dame blanche. -Beaucoup trop curieuse, madame… Allez dire qu’on s’est pris une sacrée raclée par Bradley, et cela sans AUCUN effort de sa part… L’humiliation d’être une poupée de chiffon maltraitée. — Vu mon niveau, il me faudrait quelqu’un avec un handicap… Si tu vois ce que je veux dire… Ricanement crapuleux. — Accorde-moi un prochain rendez-vous, une fois que j’en saurai plus, sous couverture d’un entraînement. Ça passera mieux qu’un tête-à-tête. L’or brille à nouveau. — Bien que j’aime t’avoir pour moi seul…

Mains dans les poches, la Banshee prend le départ du bureau de la reine. Pensant déjà à son prochain moment. Comme s'il y avait quelque chose de magnétique.

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