22h22 : Encre

20h 22 : Encre

Le message avait fait lever le sourcil. Il ne m’a pas bloqué cet idiot ? La retenue de se ruer sur son message. C’est fini ce temps où le moindre de tes mots faisait vaciller mon humeur. Tu attendras. Dans un coin de ma tête.Pour être honnête, même si c’est pour me demander ton dermo, je suis heureux de ton message. Une main cache le sourire stupide à lire nos échanges. C’est ridicule.

Loin de toi, je me sens mieux.

Dermo hors de prix. Tu ne te moques pas du monde… mais si c’est toi, c’est un monde que je suis prêt à t’offrir. Précieuse Diva qui réclame son dû. C’est normal. J’aurais dû rembourser ma dette avant. Je n’avais juste pas le courage de t'affronter de nouveau. J’avais besoin de temps. Pour laisser partir toute la douleur qui me possède. Associée à ton nom. À notre histoire ? Si cela en était une.

Je me surprends à choisir la meilleure des aiguilles. Un bel écrin noir au ruban de soie. Tu mérites les plus belles choses, sale peste. Et cela, je ne le réalise qu’après. Pas sûr que tu aurais accepté cela de moi. Cette… douceur ? Cela ne me ressemble pas. Cela n’était pas ce que nous avions. Maladroit. Bizarre. Violent.

Le délai était de deux jours. Volontairement, la Banshee laisse traîner les jours. Deux puis trois de plus. Le paquet au ruban noir attend son nouveau propriétaire au milieu de la table, entre les appareils photos et objectifs. Je n’ai pas envie de te voir. Je ne suis pas prêt. Parce que toi, tu as tourné la page. Moi, je saigne encore.

Il est plus simple de changer d’horizon quand on a un nouveau cap que lorsque le vent s’est essoufflé en pleine mer.

Il est plus simple de trouver des forces quand un nouveau monde gravite autour de soi. J’apprends à lâcher prise.

À laisser partir les regrets que j’ai pour toi.

La nuit est avancée. C’est toujours dans l'obscurité que l’ombre trouve la force de suivre le chemin qui mène à elle. Les mètres qui le séparent du néant s’effacent progressivement, à mesure de son avancée. Plus lente. Est-ce que j’aurais dû lui envoyer ça plutôt que de venir en personne ? Holy voulait être sûr que ce grand émo aux dents pointues vérifie le matériel de ses mains. Une dernière fois.

Le spectre se stoppe devant la porte. Longue inspiration. L'hésitation de toquer. Le consentement. C’est nouveau, ça. Ne pas envahir un espace vital. Claquement de langue. C’est si froid de passer, de forcer la porte et s’installer à demander s’il est là. Mais c’est ça, notre relation maintenant. Des inconnus ? mondes ne se mélangent plus.

L’oreille attentive. Il y a du bruit. Le corps se tend d'anxiété jamais ressentie. Cela ne durera que quelques instants avant de disparaître. Après ça, nous n'aurons plus de raisons de nous croiser. Les doigts se serrent sur le paquet. Cela sera fini pour de bon.Je n'en ai pas envie...Je n'ai pas envie que tu disparaisses à jamais...

Les phalanges frappent trois fois. Chaque bruit tend l’instant. Je dois avouer. Je suis content de te voir. J'appréhende l’instant. Ne pas savoir comment me comporter. Mettre de la distance ? Mais à quel point. Être cordial ? Après autant de temps “ensemble” ?Quand la porte s’ouvre, les mots se perdent. L’or n’est plus aussi pétillant qu’avant. Le jeu s’est terminé. Les regards se rencontrent. L’intensité n’est plus la même.— Salut… Le temps n’a plus le même impact près de toi. Le silence. Avant que la vraie vie ne revienne, rendant la gorge sèche. La gêne de ce moment.— J’ai ton dermo. Comme demandé.

Tu fais chier. Je mesure à quel point tu m'as manqué. Même si ça fait mal.

(code) awona (icons) ethereal // avec   @Lorenzo Cartelli "