Pardon my delay - Bradoly

Pardon My Delay

Zone Résidentielles -  feat     @Holy Winchester  

Il n’y avait pas un seul bruit dans son logement. Aussi, les vibrations à répétitions de son Axiom lui firent lever les yeux vers le bracelet qu’il avait abandonné sur la table basse, mais il ne fit aucun mouvement pour le récupérer de suite, préférant reprendre sa lecture. Bradley était en train de lire les fleurs du mal. Il n’avait jamais vraiment accroché à la poésie et les métaphores alambiquées d’un auteur depuis longtemps disparu finissaient de lui donner raison.


Il jeta plus qu’il ne posa le recueil, sentant un cafard familier escalader ses membres, son dos pour prendre sa juste place dans son esprit. Non ce n’était vraiment pas la lecture qui lui fallait.
Les vers qui célébraient l’amour lui rappelaient à quel point il en était dépourvu. Ceux, mélancoliques, sur le temps qui passe et la mort mettaient un dernier clou dans le cercueil de sa santé mentale.

C’était vraiment pas la peine d’utiliser du papier pour ces saloperies. Il faudrait qu’il le dise à Sasha quand il lui ramènerait le bouquin.

Dans un soupir, agacé d’avoir foutu en l’air sa soirée, il se saisit de son Axiom pour se changer les idées. Brad se demandait ce qui avait pris feu pour que Holy le harcèle de messages à cette heure (ça ne pouvait être que Holy, il n’y avait que lui pour envoyer autant de messages à la seconde).

Comme pour l’achever, il s’ensuivit une discussion des plus lunaires avec le jeune homme. Il avait jeté un regard au petit carnet dans lequel il notait les mots qu’il ne connaissait pas, mais il était à peu près sûr que “sextoter” et “dickpic” n’avaient rien à faire à côté de “sylphide” ou “dichotomie”.
Comme s’il n’y avait déjà pas assez de mots dans le dictionnaire, il fallait en plus qu’ils en inventent d’autres !

La discussion par messages lui échappa complètement. Il se connaissait assez pour savoir que c’était probablement sa faute. Ce ne serait pas la première fois, ni même la centième, qu’il disait quelque chose de travers ou qu’il passait à côté un code social quelconque. Mais de là à dire où est-ce qu’il avait péché… De son point de vue, il n’y avait qu’une manière d’en être sûr.
De plus, il savait qu’il allait déprimer plus que de raisons s’il restait seul. Il avait cruellement besoin d’un ami et il semblait qu’il avait réussi à blesser l’un d'eux.
“Bien joué, vieux lâche”

Bradley extirpa sa grande carcasse de son canapé, se rhabillant d’un t-shirt et d’un pantalon aussi noirs que son humeur, dans un énième soupir. Puis, il remit son axiom au poignet en grognant avant de claquer la porte de son logement derrière lui.
L’écho de ses propres pas dans des couloirs quasi vides, lui fit un peu de bien, le bruit régulier semblant bercer le cafard qui somnolait.
Une fois arrivé à destination, il avait l’impression d’être un peu plus lui-même. Les mains au fond des poches, le vieux ronchon mit un grand coup de pied dans la porte de l’appartement d’Holy.

- Ouvre moi, bougre d’idiot.


*Extrait du Poème "L'horloge", Les Fleurs du Mal, Beaudelaire

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Pardon me delay

outfit - accessoire

Oreiller qui s'écrase mollement contre le mur. La Banshee s’énerve. Elle s’emporte dans d’incompréhensibles grognements et ngeugneuments. Ce vieux boomer se moque de moi ???!!!

Diva, dans sa tenue de lumière, s’agace devant son axiome. C’est une plaisanterie ??!!! Depuis quand ?! 15 ans ?? Depuis 15 ans il sort avec quelqu’un ? Et il n’en a jamais parlé ?Une veine palpite sur sa tempe. Une douleur fait vibrer sa paupière. L’énervement atteint son paroxysme. Même le Z n’avait pas réussi à le mettre dans un tel état de colère. Un exploit.

"Gneu gneu", tu peux te les garder, tes leçons de morale sur les états d’âme !!!La sensation d’être trahie implose. À quoi bon se confier ? Ouvrir la boîte de Pandore de ses émotions. Précieux trésor sentimental offert, puis piétiné. ARRÊTE, HOLY. Arrête de vouloir t'accrocher aussi désespérément à quelqu’un. Cela te blesse encore plus…Il fallait croire que tout le monde sait parler et rassurer quand il faut. Des mots vides d’attention, juste là pour combler, apaiser, pour mieux dompter.

Something ain’t right résonne dans un coin de sa tête.

Ouragan qui remet de l’ordre dans ses cheveux mouillés. Serre-tête replacé, stoppant la course des gouttes d’eau sur sa nuque. Secouée par des grimaces, elle se remémore leur dernier moment, entrecoupé d’insultes aux résonances exotiques. Rancunière, la bestiole bloque toute communication. Menteur…

Something ain’t right résonne dans un coin de sa tête.

Posture fermée, bras croisés, visage aux traits froissés. Elle dévisage ce boîtier social comme s’il était responsable de la peste. Et si… ?

Regard noir lancé en fracas contre la porte. Il n'avait pas fallu longtemps pour que Daddy vienne en personne. “VA CHIER.” Cri lancé à travers le métal. La Banshee flotte pour ramasser ce coussin, victime collatérale de sa colère. Bradley pouvait être têtu quand il le voulait, jusqu’à s’enraciner devant ses appartements. Il ne partirait pas sans réponse.

La porte s'ouvre, dévoilant un projectile moelleux lancé en direction de l’homme. “Retourne voir ton PERCY.” Les guillemets insistent sur le nom dudit partenaire. Possessivité rageante à l’idée que le père de substitution ait finalement une vie ? Pas vraiment. Chacun a le droit au bonheur.

Mais DIABLE, pourquoi fait-il comme si son âme était aussi ébréchée que la sienne ??? Pourquoi mentirait-il ? Pourquoi tant de mystères depuis si longtemps ?

Le coton bloque la fermeture de la porte qui donne sur son petit empire. Esthétique sobre, élégante, avec des nuances colorées d’aurores boréales sur les murs. Le spectre se plante au milieu de son espace de vie. Une jalousie mordante dans le regard. Une main dans la poche, l’autre faisant signe de partir. File de là, vilaine gargouille…

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Le “va chier!” sonore de Holy lui fait rouler des yeux si fort qu’il a l’impression de voir son cerveau. Bradley leva la jambe pour mettre un nouveau coup de pied, mais la porte s’ouvrait finalement. Les mains dans les poches et pied en l’air, il se mangea l’oreiller en pleine tête. Il était beau le Hildr, tiens, pas foutu de se défendre contre un coussin et un ado en crise.

Il récupère le malheureux polochon au sol et se faufile dans le logement de Holy d’un coup d’épaule, toujours agacé. Levant un doigt menaçant pour prendre la parole, il reste cependant sans voix en voyant le spectacle devant lui.

Est-ce que c’était… Un crabe ? Pourquoi Holy avait un crabe sur la tête ? Est ce que c’était pour la soirée d’Halloween qui approchait ? Mais, si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, les deux options acceptées pour les costumes d’Halloween c’était de faire peur ou d’être sexy. Est-ce que dorénavant les crabes faisaient peur ? Est-ce que les crabes étaient un quelconque symbole aguicheur pour la nouvelle génération ? Il ne savait pas ce qu’il trouvait pire et laissa donc la question en suspens, reportant son attention à l’homme sous le crabe.

A ce moment, il avait l'impression que tout lui échappait : cette conversation, la réaction si explosive de Holy, son accoutrement, le fait de ne pas savoir qu'est ce qu'il avait encore dit de mal. Oh et par Borée,  que c'était agaçant ! Pourquoi fallait-il toujours qu'on vienne mettre des grands coups de tatanes dans sa vie bien rangée et contrôlée ? Pourquoi fallait-il que les gens fassent des histoires et du bruit ? Et pour quoi ? Des émotions ?!?!
Bah. Encore un truc de civil.

Agacé de se faire gronder ainsi sans savoir pourquoi, Bradley sentait bien le goût âcre de la colère au fond de sa gorge. Il prit quelques grandes inspirations pour la ravaler, ne voulant pas céder devant les élans dramatiques de Holy. Bradley se doutait bien qu’élever le ton ne servirait qu'à envenimer la situation.

- Tu es contrarié. Pourquoi ?

Bradley n'était pas exceptionnel avec les mots. Il était même plutôt mauvais, s'il le pouvait il s'en passerait carrément.
Mais l'expérience lui avait appris que la télépathie, ça marchait mal.
Aussi il faisait des efforts, il essayait de faire des questions simples et claires, dans un espoir vain d'avoir des réponses simples et claires.

Ça passait souvent pour de la brusquerie mais il allait pas non plus baver tout le dictionnaire pour dire “je sais que je t'ai blessé mais je ne sais pas pourquoi. Peux-tu me l'expliquer calmement s'il te plaît ? Ainsi nous pourrons défaire ce malentendu et je saurais ce que je dois faire ou pas à l'avenir. Car tu es mon ami, tu es ma famille et je ne veux pas qu'on se dispute.”

Les Theseisses ont rarement le temps pour niaiser.

- C'est quoi ton problème avec Percy ? Tu savais même pas qui c'était il y a une heure.

Sa voix est égale, à son habitude, il pourrait aussi bien parler de météo.  Un tic nerveux au niveau de l'œil. Un mouvement d'épaules et les dents serrées. C'est à peu près les seuls indices pour savoir que le Hildr est très proche de sa limite.

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Jalousie mal placée. Sentiment vexant de ne pas recevoir de confidences. Se livrer sans avoir de retour ébrèche une part de la confiance placée dans l’autre.

Je ne suis pas un gosse de 14 ans. Je pense que tu oublies parfois que je suis un adulte. Je me plais à m’infantiliser parce que j’avais ce sentiment de sécurité. Et maintenant ?

Le doigt menaçant n’a aucun pouvoir sur la Banshee. De toute sa hauteur, couronne de crustacé sur la tête, elle toise du regard. Bradley est un homme simple. Qui fonctionne simplement. Toutes les autres nuances émotionnelles restent floues pour lui.

Mains dans les poches, la Banshee, plus froide qu’à son habitude, fixe en silence le père qui tente de comprendre une situation qui le dépasse. L’effort est là. Les mots sont choisis pour ouvrir une discussion. Le calme habituel d’un vieux lac installé depuis des années ne résiste pas à un éclat qui fait vaciller la surface. Ondes qui s’intensifient au fur et à mesure, brisant l’harmonie sereine. Une agitation qui résonne comme une urgence.

Long soupir par le nez. Le regard fixe, mâchoires qui grincent.— Tout le problème est là, Bradley. Tu connais les moindres recoins de mes états d’âme. Et je découvre “Percy” dans le plus grand des calmes ? À aucun moment tu ne trouves ça bizarre de m’annoncer que tu as quelqu’un dans ta vie ? Le regard est dur, blessé. Comme si le monde entier n’avait que faire de ce que l’horrible Stalker pouvait ressentir.

Roulement d’yeux.— Je ne sais pas si c’est de la maladresse ou si tu fais semblant d’être compréhensif et réconfortant. Froncement de sourcils agacés. Après, c’est moi qui suis difficile à comprendre.— Tu veux qu’on parle d’adulte à adulte ? Bien.Tête qui s’incline de quelques degrés.— J’ai la sensation que tu te fous de ma gueule. Tu me sors un Percy venu de nulle part, comme si c’était tout à fait normal. Ça ne l’est pas, mon cher.

Ne fais pas semblant d’être proche de moi.— Nous allons devoir parler de Percy. Mais qui est donc ce fameux Percy ? Pourquoi vas-tu au théâtre avec lui ? Tu vis avec lui ? Vous êtes mariés ? Depuis quand t’es branché mec ? Pourquoi tu n’en as jamais parlé ? Est-ce un secret ?Pluie torrentielle de questions qui s’abat sur l’homme. La frustration possède la Banshee, avide d’informations sur qui peut bien supporter ce vieux grincheux et ce qu’il veut bien montrer.

Le flot de questions prend fin. La première nature s’estompe. L’or baisse les yeux, touché.— Tu ne me fais pas confiance ?

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Tout le monde savait que Bradley n'était pas impulsif. Les plus moqueurs disaient même qu'il était lent à la détente, sauf sur un ring ou un tatami. Il était rare de le voir hausser le ton et seuls quelques élus savaient pour la rage qui somnolait en lui la majeure partie du temps.
Comme toujours, absolument tout se voyait sur son visage. Le chocolat fondu de ses yeux devenait le marron d’une terre stérile et sévère.

Il eut le vague réflexe de s'avancer en grondant, mais Holy n'était pas aussi facilement intimidable. Ce n’était pas un enfant ou un jeune théseisses contraint d'obéir à un supérieur hiérarchique. C'était une bourrique de plus dans sa vie.
Il fallait que Brad se fasse à l'évidence ; ce n’est pas lui qui attirait les gens brûlants ou théâtraux ou agités. Mais c'est lui qui était immanquablement attiré par ceux qui lui tenaient tête. Ceux qui ne se laissaient pas décourager par ses grognements, ceux qui forçaient son respect.

Se faire accuser à tort n’était pas vraiment sa définition d’une bonne soirée. Qu’on vienne l’interroger et fouiner dans sa vie était normalement quelque chose qui lui faisait tourner les talons pour ne jamais revenir. Cependant, pour Holy il resta à sa place. Mais le lac se troublait, le ciel grondait et le barrage qui retenait l’eau commençait à se fissurer dangereusement.

- Tu devrais savoir que je suis pas le type à faire semblant ! En ce qui concerne Percival , tu t'es fabriqué ton propre roman. Pourquoi on serait marié ? C'est mon meilleur ami, un frère, et je l'aime aussi fort que ce vieux cœur rouillé le peut. Ça n'a jamais été un secret et je suis désolé que tu sois passé à côté, mais je ne vois pas pourquoi je te cacherai mon amitié avec Percival.

Il était sûrement vrai que Brad n'avait jamais évoqué Percy pendant leurs entraînements. Mais il n'avait pas non plus évoqué qu'il avait des bras parce que ça lui semblait évident. Ce n’était même pas la première fois qu’on lui demandait s’ils étaient mariés. La présence de Percy à ses côtés était aussi évidente que l'existence d’un membre et personne n’avait jamais eu son mot à dire là-dessus. Jusqu’à aujourd’hui.

- Ça fait plus de 30 ans qu'il est mon ombre et que je suis la sienne, il connaît chaque recoin de mon cerveau et il s'y balade comme si c'était son château. Trente ans d'amitié, c'est quasi ton âge, comment tu pourrais comprendre ?

Bradley savait qu’il devenait particulièrement défensif et protecteur avec Percy. Il l’était avec tous les siens, il l’était avec Holy lui-même, mais ce soir le jeune homme semblait gratter chaque nerfs.

- Pour finir, ce qui me “branche” ne te regarde absolument pas ! Comme si tu m’avais déjà vu avec une femme de toute manière, comme si j’avais trouvé quelqu’un pour l’oublier !

Il ferma la bouche si vite qu'il lui sembla entendre ses dents s'entrechoquer. Mais il savait qu'il était foutu, son visage était un livre ouvert. Des yeux arrondis, le regret marqué au néon rouge sur son front. Voilà pourquoi il prenait son temps d’habitude. Voilà pourquoi il se laissait le temps de la réflexion, c’est pour éviter de dire des choses glissantes, des choses qu’il n’avait pas prévu de partager.

Il garda le regard fixe cependant, planté dans ceux d’Holy et refusant de battre en retraite. Le défiant de faire un commentaire, alors que le barrage cédait un peu plus.

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Se poser mille et une questions. Anticiper. Imaginer. Avoir toutes les solutions. Se tourner vers celle qui semble la plus logique. La plus réelle.Comme la Banshee se sentait stupide. "Un meilleur ami". La relation était tout de même assez ambiguë pour croire à un concubinage de longue date. Possessif. Protecteur. Brad protégeait chaque âme qui venait se réfugier près de lui.

Percy, c’était différent. Plus sincère ? Plus profond.

Il y avait une certaine jalousie. Serpent des péchés qui siffle à son oreille. Démon qui fait douter la raison d’Holy. Reculant dans ses retranchements. Dans la sincérité que les gens peuvent avoir avec lui ? Dans ce qu’il s’inflige. Pour des traumas qui ne guérissent pas. Des insécurités qui rongent ses relations. Un jour, tout sera plus simple.

Le silence, laissant parler le père de substitution qui prend le temps de se justifier. De rassurer. Brad n’avait pas besoin de le faire. Pourtant, il se livre. Déverse des évidences pour lui. Des réalités qui expliquent des comportements qui se superposent à d'autres. Font douter. Croire à d'autres.Lac qui déborde pour recouvrir les cendres. Redonner du sens, de la vie à la terre brûlée.

Les lèvres se pincent. Le regard fixe le sol. Se trouble. - Tu fais chier, putain. Mots à peine prononcés. La voix qui s’étrangle. La sensation d’être seul au milieu de la foule. De quoi j’ai peur, merde... Le pouce fait rouler l’alliance dans sa poche. Je suis si fatigué, putain. - Pourquoi tu penses que c’est évident de comprendre que vous êtes juste des amis quand tu réagis comme si on parlait de ta femme ? Les mots sont dits. Est-ce que tu réalises à quel point votre relation a de l’importance à tes yeux ? - T’as jamais pété une durite. C’est la première fois que tu te fais secret. Comme si tu protégeais ta vie intime.

Tu ne peux pas m’en vouloir d’être vexé quand je t’offre les fragments de mon esprit éclaté.

La Banshee se met à rire. Corps qui réagit instinctivement pour faire baisser l'émotion négative. - Tu te rends compte de comment tu parles de lui ? Qui pourrait croire que vous n’êtes “que” des amis ? Les mains viennent frotter son visage. Gouttes d’eau qui roulent sur sa peau. Je suis si fatigué, bordel. - Après autant de temps, tu devrais l’essayer. L’humour pour cacher les autres émotions qui se mélangent.

Le spectre s'avance. Boulet émotionnel scellé aux chevilles font traîner ses pas. Est-ce que dans les nuances des aurores boréales colorées aux murs, Brad allait voir l’iris rougi de ses yeux ? Très peu de chance. Zombie s’approche.

Les bras viennent s’enrouler autour des épaules de l’homme. Ce besoin de contact. - T’es qu’un vieux con, Bradley. Murmuré dans un dernier effort. C’était trop dur de ne pas s’effondrer. C’était trop dur de porter le masque. Les doigts s'agrippent à ses vêtements désespérément. Ne me rejette pas. Je t’en supplie. Si je te perds, toi, je ne pourrais pas le supporter. On dira que ce sont mes cheveux humides qui trempent ton épaule. N’est-ce pas ?

Le silence est plus lourd. Écrasant. Y a-t-il déjà eu des témoins de cette cendre qui brûle les yeux ? Fragile. Il pouvait l’être. Un jour, à force de prier les étoiles, l’esprit s’apaisera.

Les bras restent en place. Un long moment. Se recharger d’une énergie moins chaotique. - Tu veux que je te montre comment envoyer une dick pic à Percy pour voir s'il est réceptif ? Ricane l’esprit de Banshee, revenu à son corps réel. Sans relâcher son emprise. Calmant enfin la tempête dans sa tête. Épuisé.

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IL faisait chier ? Alors ça, c’était bien la meilleure !

- Je parle de Percy comme ça me chante et je ne suis pas secret. Tu t’imagines que je te cache des choses et tu m’accuses de…

De quoi d’ailleurs ? Malgré tout ça, Bradley n’était toujours pas sûr de savoir ce qu’il avait fait de mal. Quel était le problème finalement ? Il ne comptait absolument pas s’excuser d’avoir des amis et une maigre vie sociale en dehors de la salle d'entraînement.
Normalement les excès et les éclats dramatiques le laissaient de marbre. Que ce soit ceux de Holy ou de Percy d’ailleurs. L’astuce c’était de laisser toute la vapeur sortir une fois pour toute pour reprendre le cours de la conversation et de la journée.
Mais ce soir, il n'avait pas envie d’attendre que le volcan s’éteigne. Les affreux poèmes  qu’il avait lu, avaient déjà laissé ses nerfs à vif et il ne comptait pas se laisser crier dessus sans montrer les crocs.

- Les gens croient bien ce qu’ils veulent ! rétorqua-t-il dans un rare éclat de voix, surprenant comme un pavé qu’on jette dans l’eau. Moi, je sais qu’il m'a relevé quand j'étais au sol, qu’on a pleuré des enfants ensemble et qu'on a rit de la bouffe infâme qu'on nous servait à l'époque !

Le petit trait d’humour d’Holy lui passa au-dessus du crâne et il croisa les bras, dernière barrière physique contre ce vilain fantôme qui pensait mieux savoir que lui ce qui se passait dans sa tête.
La nostalgie, l’indignation, la frustration. Tout se mélange derrière les yeux pourtant froids de Bradley et le lac se gèle de colère. Cette ambiance électrique entre eux lui rappelait les combats clandestins de sa jeunesse et son corps semblait prêt à en découdre, les couleurs plus vives, sa respiration lente et chaque muscle tendu.
Aussi quand Holy s'approcha de lui, il retient de justesse le réflexe de lever la jambe pour lui mettre un coup de genou aussi vicieux que défensif. Il n’était vraiment pas sûr de vouloir quelqu’un dans son air en ce moment et il se figea complètement au contact des grands bras autour de lui.

Il resta aussi raide qu’une planche durant de longues respirations et l’idée de lui faire un Tai-Otochi pour lui apprendre à voler encore une fois l’effleura. Mais son corps eut finalement le mémo que ce n’était pas une attaque, loin de là.
Diable, qu’il avait envie de se dégager de cette étreinte. De remettre de la distance entre eux, de peur que, si Holy était trop proche, il voit chaque craquelure du barrage. Chacune de ses nombreuses failles, chacun de ses échecs et chacun de ses regrets. La liste était si longue et il la tenait toujours si proche de son cœur.

Mais mettre de côté ses besoins pour le bien être des autres, n’était-ce pas là la seule chose qu’il faisait vraiment bien ? Il compta ses respirations, les couleurs retrouvant leur intensité normale et ses muscles se détendant un peu plus à chaque inspiration. Arrivé à dix, il resserra enfin ses bras autour de ce drôle de fils adoptif, qui cherchait de toute évidence un peu de réconfort et de protection.
Peut-être que lui aussi il avait besoin de ça, ce soir.

Il savourait ce silence, pourtant si bruyant, laissant la pression retomber alors que, maladroitement, il caressait le dos d’Holy d’une main, l’autre se logeant dans les cheveux mouillés.
S’il remarqua les larmes du jeune homme, il n'en dit rien.
La dernière remarque insolente, cette proposition déplacée, lui arracha un grognement.

- Va te faire foutre Holy.

Aucun venin dans sa voix, juste la fatigue et peut-être au loin, une touche d’amusement. Mais si le jeune Vaga pouvait faire de l’humour alors il n’avait plus besoin d’un doudou. Bradley se dégagea donc de son étreinte et il n’arrivait pas à savoir si c’était un soulagement ou un crève-cœur de plus. Aussi, dans le doute, il foudroya du regard ce crabe ridicule qui gâchait ce moment d’émotion.

Il contourna le jeune homme pour se diriger vers la petite cuisine fonctionnelle et servir deux grands verres d’eau. Il en fourra un dans les mains du maître des lieux sans lui demander son avis avant d’aller s’étaler dans le canapé sans rajouter un mot.

Bradley avait l’impression d’avoir chaque nerfs à vif et il sentait poindre un début de mal de tête.  Tout son corps semblait surpris de ne pas avoir pu se battre finalement, malgré toute cette tension emmagasiné et il semblait aussi très déçu de ne pas avoir eu droit à la douce récompense de l’adrénaline après une bonne bagarre.
En parallèle son esprit était soulagé que plus personne ne crie et qu'il ait esquivé le sujet épineux de ce vieil amour secret pour une femme qui ne se rappelait même pas de lui. Non, vraiment, ça restait une petite victoire se disait-il en buvant.
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Pardon me delay

Un mince espoir de ne pas se faire envoyer chier. De ne pas prendre en pleine face un coup de pied comme Brad a le secret. L’homme s’était paralysé. Trop d’informations pour trouver une logique viable. Accepter d’encaisser. Recevoir le poids trop lourd à porter d’un être humain à un autre. Le frétillement du soldat pour se dégager de l’étreinte ne faisait que resserrer l’emprise sur lui, dans quelque chose qui ressemble de loin à une prise de soumission que lui-même avait apprise.

Des secondes qui semblaient interminables. Le cœur de la Banshee plus animé, sur le point d’exploser. Un refus aurait été trop douloureux à accepter. Le contact, désespérément attendu. Jointure des mains qui deviennent blanches à force de s’accrocher. Naufragé trouvant de quoi sortir la tête de l’eau. Reprendre son souffle. À force d’être secoué dans l’eau. Nager dans le calme d’un lac tranquille, avoir pied pour revenir à la réalité.

Fatigue émotionnelle qui s’évapore sur l’épaule. Trop de temps à garder ce sentiment jusqu’à ce qu’un rien ne fasse exploser une nouvelle fois l’esprit. Pour une fois, il n’y a pas eu d’accident. Pas de drame ou presque. Pas de sang. La pluie qui vient laver les cœurs.

L’odeur du calme après l’orage.

Les manches de la longue robe d’intérieur effacent à la hâte les traces de ses faiblesses. Le rouge des yeux trahit en silence. Couronne d’éponge crabique remise à sa place, précieuse diva qui remet le masque de l’apparat, ou du moins ce qu’il en reste. Des paillettes d’illusion. Un verre d’eau ? Ah, c’est vrai qu’il avait fait le serment de ne pas faire entrer d’alcool dans sa chambre. Le souvenir de rage et de colère sans nom lié à ce visage. Beaucoup trop borderline pour garder cette mèche à disposition.

Le coin salon, qui accueille peu de monde, devient la nouvelle scène de cette fin de chapitre. La Banshee se laisse tomber de tout son poids, la nuque posée sur le rebord du siège. Le regard sur les aurores boréales artificielles balayant le plafond. Le silence. Pour que chacun retrouve sa place. - Merci, soupire Holy. - Merci d’être venu… Qui serait venu ? Qui aurait pris la responsabilité de faire face à une crise aussi sombre de son existence ? Si cela n’avait pas été Brad, à coup sûr, il y aurait eu une bagarre qui ne se serait terminée qu’une fois toute sa rage crachée. Une fois ses poings en sang. Jusqu’à ce que la douleur physique soit plus forte que celle mentale.

La tête mouillée roule vers lui, le père paumé dans ses propres émotions. - Tu voulais qu’on se batte ? sourit-il doucement. Nul besoin de savoir que le Soldat gagnait de très, très loin. Bien qu’il ne faille pas sous-estimer un homme qui ne tremble pas de peur : l’ivresse de la colère aveugle. Dangereuse abandon de lucidité. - Donc je n’ai pas de beau-père. Je suis à la fois déçu et content. Pointe d’humour pour décristalliser le moment. La jalousie observe non loin. - Est-ce que la présence de cet homme t’apaise ? demande-t-il, dans des questions vagues, qui est le mystérieux homme capable de supporter son mentor.

L’envie brûlante de savoir. La curiosité intrusive se tait. Pas avec Brad. C’est lui qui devait offrir les réponses. Pas ses doigts glacés de fantôme qui devaient arracher les informations. - Je suis désolé d’avoir douté de toi. C’est plus fort que moi. Réflexe de sécurité de rouler l’or autour de son annulaire. - Est-ce que tu veux me parler de lui ? Phrase qui semble incomplète. Le regard se porte sur lui, attentif. Cherchant dans son langage non verbal la limite de ses demandes. Ne pas s’aventurer là où le jardin secret de cet homme s’arrête. Là où lui aussi cultive des ronces avec soin.

Le temps suspendu, les lèvres se pincent. Faut-il terminer la question ? - D’elle ? Des mots soufflés. La peur d’être entendu. De provoquer un sentiment auprès de lui trop vif. Nous partageons la même chose, Brad. Elle ne se souvient pas de toi. Je ne me souviens pas d’elle. Hantés par une femme qui change toute notre vie.

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Quand Holy le remercie d’être venu, Bradley se contente d’un grognement caractéristique. Bien sûr qu’il était venu. Ca lui semblait aussi évident que de dire bonjour, ça ne valait pas des remerciements.
Contre toute attente, le jeune Vaga arrive à lui arracher un petit rire de surprise.

- Je dois bien l’avouer, t’as failli t’en prendre une. En toute amitié… Mais non, pas de beau-père pour toi. Désolé, tu n’auras qu’un cadeau à ton anniversaire. Tu penseras à m’envoyer la liste.

Il laissa rouler sa tête sur le dossier du canapé et posa son verre sur son front, espérant que le frais chasserait son mal de crâne avant qu’il ne s’installe définitivement.
A son habitude, il réfléchit avant de parler, trouvant la synthèse d’Holy très à propos.
- Oui. Il m’apaise. Mais pas que.

Fixant le plafond comme s’il pouvait lui apporter les réponses à toutes les questions de l’univers, il poursuivit :

- Déjà il ne finit pas mes phrases à ma place. Je suis toujours un peu lent, pour quasi tout. Mais il m’attend. On a même une blague entre nous, comme quoi il a perdu au moins deux ans de sa vie à juste me regarder réfléchir.

Loin de son aboiement habituel, Bradley rit sans bruit mais avec tendresse.

- On se protège l’un, l’autre. On s’élève l’un l’autre. On ne se juge pas. Ce sont des cadeaux rares et précieux. J’ai eu beaucoup de chance qu’on soit réveillé en même temps.

Le Hildr pensait que la conversation allait s’arrêter là. Certes, il n’avait pas eu l’occasion de parler de son meilleur ami à Holy avant, mais il avait fait amende honorable en essayant de lui donner un morceau de son âme, d’expliquer une relation que personne ne voulait comprendre. Ils pouvaient donc s’arrêter là, n’est ce pas ?

Quand Holy lui proposa de parler d’elle, ses yeux se tournèrent vivement vers lui, le regardant du coin de l’oeil bien que le reste de son corps n’ait pas bougé d’un pouce. Prédateur face à un égal, se demandant s’il devait fuir ou attaquer.
Il y eut un silence de plus dans cette drôle de soirée, Bradley réfléchissant.

Envie d’en parler ? Non pas vraiment.
Besoin d’en parler ? C’était un autre sujet.
Devait en parler ? C’est vrai qu’Holy se confiait énormément au vieil homme. Il lui semblait que le jeune Vaga trouvait un peu de réconfort et de conseils auprès de lui. Une petite bulle à eux où il pouvait être vulnérable et pas seulement une menace pour la société. Ça n'avait jamais effleuré Bradley que ça pouvait marcher dans les deux sens.

N’importe quel autre soir, il aurait nié. Il aurait fait semblant de ne pas savoir ou aurait tout simplement arrêté de parler. Ca avait tendance à agacer les gens quand il faisait ça (surtout Percy), mais on finissait par lui foutre la paix, par lassitude (sauf Percy).
Un autre soir, il aurait laissé la boîte de Pandore sagement cadenassée tout au fond de son âme. Mais l’atmosphère particulière de cette soirée, les lumières si douces et la fatigue eurent raison de lui. Bradley soupira lourdement, un souffle pour chasser la poussière sur le couvercle de la petite boîte si lourde.

- Tu sais mieux que personne qu’on ne se rappelle pas de tout au réveil. dit-il en désignant son annulaire. Je suis de l’autre côté du miroir. Elle n’a aucune idée de qui j’ai été. De qui on a été.

Il déglutit une fois de plus, cherchant à ravaler ses émotions en même temps, les yeux de nouveau en l’air, regardant les aurores boréales sur le plafond, apaisantes.

- Je vais te dire quelque chose d’horrible Holy. Je sais que tu cherches ta personne dans chaque recoin, dans chaque ombre de ta mémoire. Mais je souhaite sincèrement qu’elle non plus ne s’en rappelle pas. Qu’elle ne soit pas comme moi, coincé dans le deuil d’une personne pourtant bien vivante.

Il lui semble voir des silhouettes danser dans les lumières changeantes. Théâtre lumineux et immatériel de tous ses vieux rêves et de tous ses regrets.

- J’ai passé de très longues années à m’accrocher à ce que notre vie aurait pu être. Un mariage, une fille. Une vie simple et à deux. Les histoires d’amour impossible ça s’appelle de “l’amour courtois” en littérature, tu savais ? Et bien j’ai été le plus courtois de tous les fils de chien de ce vaisseau. Et avant que tu ne me poses la question, non, je ne lui en ai jamais parlé. Le plus courtois, mais aussi le plus lâche.

Il décrocha enfin ses yeux du plafond pour mieux regarder Holy, de nouveau droit et digne malgré tous les sentiments qui débordaient de son regard. Des émotions trop grandes pour être contenues dans une si petite boîte. Pourtant, à la fin de la soirée, c’est là où elles retourneraient.

- C’est pour ça que je t’ai dis que tu avais bien agi lors de notre entrainement. Avec ton ex. Je sais que tu as eu mal, mais c’était la chose courageuse et intelligente à faire. Crois-moi.

Crois-le Holy. Cet homme n’y connait pas grand chose en relation humaine, mais il sait de quoi il parle quand il parle d’amour et de douleur.

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