[FB] Moving Out - feat. Bradley

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Zone Résidentielles -  feat    @Riordan McAlister " "

Faire partie du second éveil avait été une expérience pour le moins étrange. Ils étaient peu nombreux à l’époque, pas de Cervantès pour distraire les esprits, seulement les échos des pas dans des couloirs bien vides et froids.

Tout le monde se connaissait à l’époque. Les chefs de maison étaient plus des délégués syndicaux que des maîtres incontestés. Les fêtes et raisons de se réjouir étaient rares, les mariages encore plus. C’était toujours de bons moments où tout le monde était convié pour partager les maigres ressources, une occasion de déguster les premiers et rares fruits qui commençaient à pousser sur le vaisseau. Une tranche de joie pour se rappeler qu’ils étaient humains.

Bradley était présent pour le mariage de Riordan et de sa femme. Ils étaient amis, un peu par la force des choses, ce genre d’amitié simple où on savait pouvoir compter sur l’autre, sans avoir besoin de faire de longs discours.
A l’époque, il était plus rieur et il se rappelait avoir dansé avec les deux mariées sans même se plaindre, voire carrément de bon cœur.

Il se rappelait les premières naissances, à quel point ça lui paraissait irresponsable de se reproduire dans leurs conditions, tout en se laissant absolument attendrir et manipuler par chaque neveux et nièces qu’il gagnait à chaque fois. Les jumeaux ne faisaient pas exception à la règle, il leur filait des bonbons et leur apprenait quelques gros mots en douce avant de se faire houspiller par l’une de leurs mères.

Le décès d’Elise sera un choc pour tout le monde, lui y comprit. Il passera de longues nuits blanches avec ses idées de plus en plus noires. Le temps passait et il lui semblait qu’il sortait son costume plus souvent pour les obsèques que pour les mariages.

Quand Riordan lui avait demandé son aide pour déménager, il n’avait pas été surpris, mais ça avait rajouté à sa tristesse. Pour un grand amoureux de l’amour comme lui, voir des couples comme celui-ci se déchirer parce que la vie était une pute… Vraiment il y avait de quoi vous foutre la rage. Ce n’était pas son histoire, ce n’était pas à lui de la pleurer, mais bon sang ce n’était pas l’envie qui en manquer.
Mais il n’était pas là pour chouiner, il était là pour aider, pour garder, pour supporter, pour protéger.

Donc il était à l’heure, des vêtements usés et un grand sac.

Quand il rentre dans le logement, grognant son salut à Rio, la vue des cartons lui fait froncer les sourcils.

- On aura vite fait au moins.

Il ouvrit son sac pour en sortir une gourde d’eau et une barre de céréales qu’il tendit à Rio, car il était persuadé qu’elle n’y aurait pas pensé toute seule. C’était bien beau d’avoir un cerveau plus gros pour les autres, si c’était pour oublier les besoins basiques, ça n’en valait pas la peine de son point de vue.

Il se penchait déjà pour attraper le premier carton et tenta un trait d’humour.
- Ça m'apprendra à avoir des gros bras. Il n’y a que tes affaires ? Où sont celles de Aiden ?

Comment être un gros boeuf dans un magasin de porcelaine : un livre de Bradley Shadwell.

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Bradley la regarda manger sa barre avec un air satisfait. Ca avait toujours été un gars simple avec des besoins simples. On mange, on boit, on dort. Et on recommence.
Ca n'était pas la plus existante des vies, c'est vrai, mais c’était une vie qui tenait debout. A son image.

Il fronça les sourcils en l’entendant parler de la garde de Aiden, mais ne fit aucun commentaire. Il y avait un boulot à faire et le plus tôt ils s’y mettraient, le plus tôt ils pourraient passer à autre chose. Ça lui picotait le cœur de penser comme ça, de voir cette page de leur vie sur ce fichu vaisseau se tourner comme ça. Comme si elles pouvaient passer à autre chose, juste comme ça, comme si c'était aussi facile que de finir un bouquin et de passer à un autre.

Un carton sur l’épaule et l’autre sur la hanche, il suit son amie à travers les couloirs dans le silence qui le caractérisait. Mais ses pensées reviennent sans cesse à la garde d’Aiden.
Ca ne te regarde pas Brad.
Ce n’est pas tes affaires.
Qu’est ce que tu y connais en parentalité, toi ?
En histoire de couple même ?
Tu as peut-être mal compris.

Il est interrompu dans ses pensées par la question de Riordan qui le ramène au moment présent. Il haussa les épaules, avant de se rappeler qu’elle ne le voyait pas, marchant quelques pas devant lui pour le guider.

- Je bosse pas mal. On apprend encore à bien utiliser les exosquelettes. On en a cassé un l’autre jour, les galéréis ont gueulé. Mais c’est toujours un peu rigolo de les faire gueuler, alors ça allait.

Pas qu’il s’amuse à dégrader le matériel inutilement, il savait à quel point chaque ressource, chaque bout de métal ou de verre, chaque aliment était précieux. Mais il fallait bien s’entrainer et il arrivait de faire des erreurs, donc autant qu’elles soient faites ici, en sécurité que sur une planète inconnue, quelqu’elle soit. Ce qui lui rappelle l’information la plus importante.

- Je pense pas te l’avoir dit, mais j’ai été promu Hildr il y a quelques mois.

Ce n’est pas “qu’il ne pensait pas”. Il en était sûr. Mais comment dire à quelqu’un en deuil de son enfant, de sa vie de famille, de sa femme et de tout ce qu’elle avait construit “Hey, moi ça va top, j’avance et Neo continue de tourner” ? Il n’avait donc rien dit.

- Je voulais fêter ça à la maison. Tu passeras ?

Et ça lui brûle la langue. Il sait qu’il va droit dans le mur, il sait que c’est une très mauvaise idée. Il sait que ces prochains mots ne vont pas plaire, qu’il va mettre du sel sur une plaie et normalement il se serait tu. Mais c’était plus fort que lui, il devait savoir. Aussi il ajouta :

- Tu prendras Aiden comme ça. Tu sais que j’adore ce gosse. Zénaïde a la garde, mais tu me diras les jours où il est avec toi. Et Ava bien entendu.

Comment être un gros boeuf dans un magasin de porcelaine : le second tome de Bradley Shadwell.

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